Syrie : le mouvement de contestation prend de l'ampleur
A Lattaquié, au nord-ouest de Damas, des francs-tireurs non identifiés ont tué deux personnes et blessé deux autres, d'après un responsable syrien.
A Deraa, au sud de la Syrie, près de 300 jeunes, torse nu, sont
montés aujourd'hui sur les restes d'une statue à l'effigie de l'ancien président Hafez al-Assad. Ils l'avaient déboulonnée hier.
Non loin de là, dans le village de Tafas, les habitants ont incendié un siège du parti Baas, le parti au pouvoir, ainsi qu'une station de police lors
des funérailles de trois manifestants tués hier par les forces de
sécurité.
Selon des responsables hospitaliers, des dizaines de personnes ont été tuées cette semaine dans cette région, dont vingt pour la seule journée de vendredi, selon plusieurs témoignages. Amnesty International avance de son côté le chiffre de 55 morts.
Hier, d'autres manifestations ont également eu lieu dans la capitale, Damas. Des militants syriens rapportent qu'environ 200
manifestants ont été arrêtés la nuit dernière, alors qu'ils participaient à un sit-in.
A Sanamein, dans le sud de la Syrie, 10 personnes sont mortes lors d'affrontements avec les forces de
sécurité.
Tentatives d'apaisement
Pour tenter de contenir la révolte, les autorités syriennes ont libéré de nombreux prisonniers politiques au cours de la semaine écoulée. Aujourd'hui, 260 détenus ont été relâchés, en majorité des islamistes qui avaient purgé une grande partie de leur peine.
Ces tentatives n'ont visiblement pas calmé les ardeurs des manifestants. Plusieurs personnes ont lancé aujourd'hui sur Facebook un appel à une "révolte populaire" dans toutes les provinces syriennes.
Pour Haytham Manna, porte-parole de la commission arabe des Droits humains et opposant syrien historique, cette contestation n'est pas surprenante : "Depuis la chute de Moubarak, il était clair pour nous que c'était à Damas de bouger".
_ Selon lui, les arrestations d'enfants, nombreuses, ont constitué un tournant. Elles ont impulsé une manifestation de plus de 2.400 personnes et donné un élan à la contestation.
Bachar al-Assad fait face au plus important mouvement de contestation depuis son accession au pouvoir, il y a onze ans - il est devenu président après la mort de son père.
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