Sarkozy à Damas pour encourager la normalisation syrienne
Après avoir convié Bachar al-Assad aux festivités du 14 juillet en France, c'est le chef de l'Etat qui se rend en Syrie. Ce sera la première visite à Damas d'un président français depuis cinq ans et le gel par Jacques Chirac des relations franco-syriennes en 2005 après l'attentat qui a coûté la vie à l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri et dans lequel Damas est soupçonné d'avoir trempé. Les Etats-Unis considèrent toujours la Syrie, alliée de
l'Iran et accusée de vouloir maintenir sa tutelle sur le Liban, comme un Etat terroriste.
A l'occasion de la venue de son "ami" français, Bachar al-Assad réunira demain un sommet à quatre avec Nicolas Sarkozy, l'émir du Qatar, Cheikh Hamad bin Khalifa al Thani, et le Premier ministre turc, Tayyip Erdogan. Pour le président syrien, c'est l'ébauche d'un quartet qui se donnerait pour objectif de promouvoir la stabilité au Moyen-Orient, comme il l'a expliqué hier sur France 3. C'est surtout l'occasion rêvée pour Bachar al-Assad de sortir son pays de l'isolement et sans doute aussi de profiter de son rapprochement avec Paris pour renouer le contact avec les Etats-Unis.
Le voyage présidentiel français s'inscrit dans la suite de la visite de Bachar al-Assad à Paris le 12 juillet et de sa présence au sommet de l'Union pour la Méditerranée. Il avait alors souhaité que la France soit le garant de négociations directes entre la Syrie et Israël et d'un éventuel accord de paix. "Il y a aujourd'hui une nouvelle ère entre la Syrie et la France, fondée sur la politique nouvelle de la France, réaliste, pragmatique, qui a pour but la réalisation de la paix et qui croit au dialogue", a déclaré le président syrien sur France 3.
A l'Elysée, on refuse de placer la barre trop haut : le dialogue avec la Syrie doit "produire des résultats" sinon il s'arrêtera, insiste la présidence française. "Nous n'essayons pas de battre le record olympique du saut à la perche. Nous visons la qualification", souligne de façon imagée un diplomate français, familier du dossier. Pour Nicolas Sarkozy, président en exercice de l'Union européenne, il s'agit surtout d'imposer la France et l'Europe dans le jeu diplomatique proche-oriental, largement dominé par les Etats-Unis.
Nicolas Sarkozy profitera aussi de son voyage en Syrie pour répéter les mises en garde concernant le programme d'enrichissement nucléaire de Téhéran. L'Elysée assure aussi que la question des droits de l'Homme sera abordée entre les deux présidents et que Nicolas Sarkozy "a obtenu de premiers résultats", mais se refuse à toute précision.
Le chef de l'Etat sera accompagné d'une délégation réduite à un seul ministre, celui des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Deux dirigeants d'entreprises françaises l'accompagneront, le PDG de Total Christophe de Margerie, qui devrait signer un contrat d'extension sur 10 ans de ses activités dans le pays, et Jacques Saadé, président du transporteur maritime CMA-CGM, intéressé par le développement du port de Latakié.
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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