: Vidéo Quand le président Erdogan s'énerve contre un journaliste d'"Envoyé spécial" après une question sur la Syrie
Lors de la visite du président turc Erdogan à Paris en janvier 2018, un journaliste d'"Envoyé spécial" lui a posé une question interdite en Turquie. Le chef d'Etat n'a pas apprécié… Extrait d’une enquête à voir le 29 mars.
En janvier 2018, le président turc Recep Tayyip Erdogan, de plus en plus isolé sur la scène internationale, est venu à Paris chercher le soutien de la France. Sa conférence de presse, au côté d'Emmanuel Macron, a été l'occasion pour le journaliste Laurent Richard de lui poser une question interdite à ses confrères turcs. Une enquête à voir dans "Envoyé spécial" le 29 mars.
Sa question était formulée ainsi : "L'Union européenne peut-elle décemment faire confiance à la Turquie en matière de lutte contre le terrorisme ? Sept ans après le début du conflit en Syrie, [le président Erdogan] regrette-t-il d'avoir fourni autant d'armes aux groupes de combattants islamistes, et d'avoir laissé passer par la Turquie autant de jihadistes en route pour la Syrie ?"
"Toi, tu parles comme un membre du FETÖ !"
Le pays, officiellement allié de l'Union européenne dans la lutte contre Daech, est régulièrement accusé de livrer des armes à des groupes de combattants salafistes en Syrie. Surtout depuis une vidéo publiée en 2015 par le site du quotidien Cumhumriyet, montrant l'arrestation en 2014 d'agents des services secrets turcs s'apprêtant à faire passer la frontière turco-syrienne à des camions bourrés d'obus de mortier. Des images immédiatement censurées.
Le président turc n'apprécie pas la question. Il passe au tutoiement, soupçonne le journaliste d'être lié à une organisation qu'il considère comme terroriste – en réalité, les partisans de son opposant Fethullah Gülen. "Toi, tu parles exactement comme un membre du FETÖ, avec leurs arguments, pas comme un journaliste !" s'exclame-t-il. L’accusation sera reprise dès le lendemain à la une de la presse turque pro-gouvernementale.
Mais Erdogan a un autre argument : les "4 000 camions d'armes envoyés par les Etats-Unis en Syrie", allusion au soutien américain aux combattants kurdes, considérés eux aussi comme terroristes par la Turquie. "Tu es journaliste, tu devrais aussi poser des questions là-dessus", le tance-t-il.
Extrait de "Turquie, l'enquête interdite", à voir dans "Envoyé spécial" le 29 mars.
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