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Un ancien cadre de Lafarge explique avoir prévenu les renseignements français des versements d'argent à l'EI en Syrie

Selon "Libération" et "Le Monde", ce cadre du cimentier français a affirmé, lors d'un interrogatoire, avoir donné "toutes les informations" sur la situation du groupe en Syrie aux renseignements.

Article rédigé par franceinfo
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La cimenterie Lafarge de Jalabiya, en Syrie, le 19 février 2018. (DELIL SOULEIMAN / AFP)

L'Etat savait-il que le cimentier Lafarge versait, entre 2012 et 2014, de l'argent à plusieurs groupes armés dont l'Etat islamique pour maintenir ouverte son usine en Syrie ? Jean-Claude Veillard, ancien directeur sûreté de Lafarge, a affirmé lors d'un interrogatoire avoir fourni des informations aux services de renseignement au sujet de la situation sur place, et n'avoir fait "aucun tri" dans ces informations. Libération (lien réservé aux abonnés) révèle, lundi 23 avril, le compte-rendu de cet interrogatoire, également consulté par Le Monde (lien abonnés), réalisé le 12 avril par Charlotte Biger, une des juges d'instruction en charge de l'enquête. 

"Ils engrangent des informations, c'est leur métier"

Selon l'agenda qu'il a fourni aux enquêteurs, ce cadre du groupe a rencontré à 33 reprises des membres de la DGSE, la DRM ou la DGSI (les différents services de renseignement) entre 2012 et 2014, la période durant laquelle les versements ont eu lieu. "Je ne faisais aucun tri dans les informations que je donnais aux services des renseignement, explique-t-il à la juge d'instruction. Au cours des réunions, j’ai donné toutes les informations." 

Interrogé plus directement sur le fait qu'il ait pu aborder, avec ses contacts au sein des services de renseignement, les versements faits aux groupes jihadistes, Jean-Claude Veillard réitère avoir "donné toutes les informations". Sans réaction particulière, selon lui : "Ils engrangent les informations, c’est leur métier." "Que savait le sommet de l’Etat de cette situation explosive ?", s'interroge Libération.

Six cadres et dirigeants déjà mis en examen

En septembre, déjà, Le Monde (lien abonnés) révélait que Christian Herrault, ancien directeur général adjoint opérationnel de Lafarge, avait expliqué aux enquêteurs avoir été encouragé par le ministère des Affaires étrangères à maintenir l'usine ouverte, malgré la menace. "Tous les six mois, on allait voir le quai d’Orsay, qui nous poussait à rester", affirme-t-il. Mais sans dire si les versements d'argent avaient été évoqués avec le ministère. Celui-ci avait démenti avoir encouragé Lafarge ne pas quitter le pays.

Au total, six cadres et dirigeants du cimentier et de sa branche syrienne ont déjà été mis en examen dans le cadre de cette enquête, dont Jean-Claude Veillard et Christian Herrault.

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