Syrie : le cimentier Lafarge s'est arrangé avec l'Etat islamique en Syrie, selon "Le Monde"
Le groupe français aurait payé des taxes aux jihadistes pour obtenir que ces derniers laissent passer les matériaux nécessaires au fonctionnement de leur usine.
Le cimentier Lafarge a tenté, en 2013 et 2014, de faire fonctionner "coûte que coûte" son usine en Syrie "au prix d'arrangements" avec l'Etat islamique (EI), révèle Le Monde, mardi 21 juin.
Située à 150 kilomètres au nord-est d'Alep, la cimenterie de Jalabiya a été rachetée par Lafarge en 2007 et mise en route en 2011, avec une capacité de production de 2,6 millions de tonnes de ciment par an. "Jusqu'en 2013, la production se maintient malgré l'instabilité croissante dans la région due à la guerre civile qui a débuté en 2011", relève le quotidien. Mais, "à partir du printemps 2013", l'EI "prend progressivement le contrôle des villes et des routes environnant l'usine de Lafarge".
Lafarge aurait négocié des laissez-passer avec l'EI
Le groupe français cherche alors à garantir l'accès à l'usine de ses ouvriers et des marchandises pour qu'elle puisse continuer à fonctionner. Le cimentier (qui a fusionné en 2015 avec le Suisse Holcim pour devenir un géant des matériaux de construction) missionne notamment un nommé Ahmad Jaloudi afin d'"obtenir des autorisations de l'EI pour laisser passer les employés aux checkpoints". Des échanges de courriels "permettent de conclure que la direction de Lafarge à Paris était au courant de ces efforts", selon Le Monde.
"Un laissez-passer estampillé du tampon de l'EI et visé par le directeur des finances de la "wilaya (région) d'Alep, daté du 11 septembre 2014, atteste des accords passés avec l'EI pour permettre la libre circulation des matériaux", poursuit le journal. Ces laissez-passer étaient obtenus en échange du versement de taxes de passage, selon la même source.
Le groupe se serait aussi procuré du pétrole via l'EI
Lafarge avait également besoin de pétrole pour continuer à fabriquer son ciment. Localement, l'entreprise est passée par "des intermédiaires et des négociants qui commercialisaient le pétrole raffiné par l'EI, contre le paiement d'une licence et le versement de taxes", assure Le Monde.
Le 19 septembre 2014, l'Etat islamique s'empare du site et "Lafarge annonce l'arrêt de toute activité", explique le quotidien. Sollicité par l'AFP, Lafarge n'était pas joignable dans l'immédiat pour réagir à ces accusations.
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