: Info franceinfo Au moins une vingtaine de Français retenus dans le camp de Roj en Syrie
Au moins six femmes et une quinzaine d’enfants français se trouvent en ce moment dans le camp de Roj, à l’extrême nord-est de la Syrie. C’est une information exclusive rapportée jeudi par les envoyés spéciaux de franceinfo dans le pays.
Elles sont les épouses ou les enfants de jihadistes en Syrie. Une vingtaine de Français se trouvent dans le camp de déplacés de Roj, à l’extrême nord-est de la Syrie. C'est une information rapportée jeudi 25 janvier par les envoyés spéciaux de franceinfo dans cette zone appelée Kurdistan syrien. Il s’agit d’au moins six femmes et d’une quinzaine d’enfants.
Les confidences d'une Française
À côté des bureaux de l’administration du camp, une jeune femme patiente, appuyée contre un poteau. Elle porte un foulard coloré sur la tête. Son ventre est proéminent sous sa longue tunique noire. La conversation s’engage. Sana est française, enceinte de 9 mois. Le terme est passé. Elle est inquiète et vient demander s’il est possible de faire des examens médicaux. Sana est déjà mère de déjà deux enfants dont l’aîné a 13 ans. Elle raconte avoir quitté la France en août 2015.
Mon mari m’avait promis un endroit paradisiaque. Je ne savais pas qu’il était avec Daech. j’ai été trompée.
Sana, femme française de Daechfranceinfo
Elle ajoute qu’elle a tenté de revenir en France. Sans succès. La conversation est interrompue au bout de deux minutes par le directeur du camp. Il renvoie la jeune femme vers sa tente et demande au journaliste de franceinfo d’arracher une page de son carnet de note.
"Elles veulent rentrer chez elles en France"
Un observateur de Human Rights Watch a pu discuter posément avec certaines des 450 familles étrangères du groupe Etat islamique présentes dans le camp de Roj. Parmi elles figurent, six femmes françaises. Elles sont retenues dans ce lieu en attendant un éventuel accord avec Paris. "Selon les autorités locales, elles ne sont pas officiellement détenues, explique Nadim Houry, observateur de Human Rights Watch. Il n’y a pas de poursuites judiciaires contre elles et les autorités ont dit qu’elles n’ont pas l’intention de les entamer. Notamment les femmes qui étaient simplement mariées à Daech. Elles veulent rentrer chez elle en France. Elles sont prêtes à répondre de leur acte devant la justice".
En attendant, ces femmes vivent dans les conditions d’un camp de déplacés. Elles sont libres de circuler à l’intérieur mais n’ont pas le droit d’en sortir même s’il n’est pas bouclé. Il n’y a pas de problème d’accès à l’eau et à la nourriture. En revanche, il y a un manque de médicament et il n’y a pas de lait pour bébé.
Nadim Houry s'inquiète pour les jeunes. "Ce sont des petits enfants français qui ont 2, 3 ou 4 ans. Ils ont la nationalité française. Ils vivent là dans des tentes avec des températures qui peuvent descendre à 2 ou 3 degrés le soir. Dans certains cas, ils sont malades. La question qui doit se poser, c’est ‘pourquoi la France ne reprend pas ces femmes et ces enfants ?'", s'interroge-t-il.
La plupart de ces femmes sont visées en France par une procédure pour "association de malfaiteurs terroristes" pour avoir rejoint une zone de combat. Avoir rallié un territoire de Daech est également considéré comme une infraction au Kurdistan syrien mais le procureur anti-terroriste indique que c’est aux autorités politiques de le saisir.
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