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Bataille de Raqqa : "La coalition doit essayer de réduire au minimum les dommages pour les civils"

La coordinatrice crises et conflits armés à Amnesty International, Nina Walch, appelle les forces de la coalition "qui opèrent sur le terrain de prendre encore plus de précaution" sur franceinfo vendredi. 

Article rédigé par franceinfo
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Nina Walch, chargée de campagne conflits armés chez Amnesty International, le 25 août 2017. (FRANCEINFO)

À Raqqa, fief du groupe Etat islamique en Syrie, l’offensive des forces démocratiques syriennes appuyées par la coalition a débuté en juin dernier. Amnesty International, qui a recueilli de nombreux témoignages de civils réfugiés dans les camps de déplacés autour de la ville, appelle la coalition à tout faire pour éviter les pertes civiles.

Nina Walch, coordinatrice crises et conflits armés à Amnesty International, a regretté vendredi 25 août sur franceinfo que la coalition "mène des frappes disproportionnées" en utilisant "des armes qui ne sont pas assez précises". Même si elle a reconnu la difficulté de faire la différence entre les combattants du groupe Etat islamique et les civils qu’ils obligent à "s'habiller comme eux", elle a appelé la coalition à tout faire pour "réduire au minimum les dommages pour les civils" notamment en créant un "couloir d'évacuation".

franceinfo : Quelle est la situation pour les civils à Raqqa ?

Nina Walch : On estime qu’ils sont entre 20 000 et 25 000. Ils sont pris en tenaille entre Daech et les forces de la coalition menées par les États-Unis qui sont là pour appuyer les forces démocratiques syriennes qui opèrent sur le terrain. Les forces gouvernementales syriennes appuyées par la Russie bombardent les villages et les campements de fortune au sud de l’Euphrate, là où les gens se sont réfugiés. Dans la ville, il y a des snipers un peu partout. Daech a aussi miné le territoire et il y a les frappes aériennes de la coalition. Il y a eu des centaines de morts et de blessés depuis juin. Des familles entières sont prises au piège y compris dans la vieille ville. En effet, les combattants de Daech obligent les habitants à les suivre dans les enceintes de la vieille ville.

Est-ce que les frappes de la coalition sont disproportionnées ?

On a pu constater lors de cette mission sur le terrain que la coalition mène des frappes disproportionnées dans le sens où elle utilise des armes qui ne sont pas assez précises et dont le rayon d'impact large tue beaucoup de civils. Nous savons que c’est difficile de distinguer les combattants des civils car Daech a obligé les habitants à s’habiller comme eux. Il reste par exemple une voie pour sortir de la ville, c’est la traversée de l’Euphrate en bateau au sud de Raqqa. La coalition cible ces bateaux car ils pensent que Daech les utilise pour le transport des combattants et des armes. Ce qui n’est certainement pas faux mais ce n’est pas pour ça qu’il faut prendre pour cible tous les bateaux.

Si on a des doutes sur une cible, il ne faut pas frapper. La coalition doit essayer de réduire au minimum les dommages pour les civils.

Nina Walch, coordinatrice crises et conflits armés à Amnesty International

à franceinfo

Ce n’est pas parce que Daech commet des crimes horribles et bafoue le droit international qu’il faut faire pareil ou ne pas prendre de précautions.

Est-il possible de créer un corridor humanitaire ?

Il faut avertir les populations et créer des couloirs d’évacuation, par exemple via les zones de la ville déjà libérées. Aujourd'hui, ceux qui ne peuvent pas se payer de passeurs pour fuir, ils sont obligés de se débrouiller tout seuls. On a beaucoup de témoignages d'habitants ayant perdu des proches parce qu’ils ont marché sur des mines. Et quand quelqu’un est touché par un sniper, ses chances de survie sont faibles car il n’y a plus de nourriture, d’électricité, de médecins et de médicaments. Désormais, on rentre dans la phase finale de la bataille qui va se concentrer dans la vieille ville. On y craint de gros dégâts pour la population civile. On demande à tous ceux qui opèrent sur le terrain de prendre encore plus de précautions.

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