Irak : après la libération de Mossoul, "le plus dur commence"
La ville irakienne de Mossoul a été "libérée" des jihadistes dimanche, selon le Premier ministre du pays. Mais après neuf mois de batailles, la ville est en ruine, et il va falloir "démontrer que la sécurité règne" selon le géopoliticien Frédéric Encel.
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a proclamé dimanche 9 juillet la victoire dans Mossoul "libérée" à l'issue d'une bataille de près de neuf mois contre les jihadistes de Daech.
Sur franceinfo, Frédéric Encel, docteur en géopolitique et spécialiste du Moyen-Orient, estime que si sur le plan militaire la bataille est gagnée, il va falloir maintenant "démontrer que la sécurité règne, et qu'on va pouvoir ramener les habitants déplacés hors de la ville". Selon lui, le risque est que certains combattants de Daech restent dissimulés au sein de la population et se fassent exploser.
franceinfo : Peut-on réellement parler d'une libération de la ville de Mossoul ?
Frédéric Encel : Formellement, sur le plan militaire, oui. À partir du moment où il n'y a plus de résistance substantielle de la part de l'adversaire, vous pouvez considérer que vous avez gagné la bataille. Seulement ça, c'est uniquement sur le plan militaire. Les jihadistes ont développé une technique bien connue, consistant à se mêler dans la population, à se dissimuler au sein de la population, et à se faire exploser de temps à autres contre les nouvelles forces de l'ordre. Si ces prochains mois, à un rythme mensuel, hebdomadaire voire quotidien, vous avez des kamikazes qui explosent, rendant la ville très dangereuse, est-ce que ce même Premier ministre pourra continuer à dire 'Mossoul est libérée' ? Le plus dur commence en fait. Démontrer au monde entier et à la population irakienne que la sécurité règne, et qu'on va pouvoir ramener les habitants déplacés hors de la ville.
Ça a été une reconquête pâté de maison par pâté de maison. Les jihadistes ont joué la politique du pire, en prenant en otages les centaines de milliers de personnes qui restaient encore dans la ville. Aujourd'hui on appelle ça une ville, mais c'est un monceau de gravats.
Frédéric Encel, docteur en géopolitique et spécialiste du Moyen-Orientà franceinfo
Cette victoire est-elle l'une des plus importantes de l'armée irakienne ?
De loin la plus importante, parce que Mossoul est la deuxième ville du pays. Cette victoire est aussi importante parce que pendant un an et demi, la coalition qui l'a emporté a été extrêmement difficile à mettre sur pied. Personne ne voulait y aller. La majorité de l'armée irakienne chiite allait se confronter à des sunnites.
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