Irak : pourquoi la reprise de la mosquée de Mossoul est une victoire symbolique contre l'Etat islamique
Les forces gouvernementales irakiennes ont annoncé avoir pris le contrôle de ce site, jeudi, huit jours après sa destruction par le groupe jihadiste.
"Nous assistons à la fin du faux Etat de Daech." Le Premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi, a crié victoire sur Twitter, jeudi 29 juin, trois ans jour pour jour après la proclamation de son califat par le groupe jihadiste. Quelques heures plus tôt, les forces irakiennes avaient annoncé avoir repris le contrôle du site de la mosquée Al-Nouri et du minaret Al-Hadba, à Mossoul.
Le 21 juin, acculés par les forces irakiennes, les jihadistes avaient préféré détruire la mosquée et le minaret plutôt que de les voir libérés, ce qui aurait sans doute été encore plus symbolique. L'EI avait accusé un bombardement de l'aviation américaine. Le Premier ministre irakien avait alors estimé qu'il s'agissait d'une "déclaration officielle de défaite".
Si la ville, principal fief contrôlé par l'Etat islamique en Irak, n'est pas encore complètement tombée, cette reprise de la mosquée est un tournant hautement symbolique, car le lieu est très important. Franceinfo vous explique pourquoi.
Parce que c'est un site historique important
Parmi les nombreux sites historiques remarquables d'Irak, le minaret penché de Mossoul occupait une place importante. Surnommé "la bossue" et parfois présenté comme la tour de Pise irakienne, il était devenu le symbole de la ville, apparaissant sur les devantures de restaurants ou les enseignes d'entreprises. Son image illustre aussi les billets de 10 000 dinars irakiens. Sa construction avait été achevée en 1172, et il appartenait à la vieille mosquée de Mossoul, dont il était le dernier vestige : le reste avait été rasé en 1942 pour être reconstruit de façon plus moderne. Après sa destruction, des internautes irakiens ont expliqué que c'était comme si la France perdait la tour Eiffel.
Parce que le chef de l'EI y avait fait sa seule apparition publique
Signe de l'importance symbolique de la mosquée Al-Nouri pour l'Etat islamique : c'est là qu'Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef du groupe Etat islamique – que la Russie pense avoir tué fin mai –, avait choisi d'appeler les musulmans à lui obéir, dans un prêche, en juillet 2014. C'est sa seule apparition publique connue en tant que leader de l'organisation jihadiste. Sur le minaret, si symbolique et visible depuis l'essentiel de la ville, l'Etat islamique avait planté son drapeau noir.
Parce que sa reprise illustre la chute probable de l'EI à Mossoul
Le site de la mosquée de Mossoul se trouve dans une des dernières poches de la ville détenues par l'Etat islamique. Sa reprise témoigne de l'avancée des forces irakiennes. Selon un porte-parole de la coalition internationale qui combat l'Etat islamique en Irak, la reprise totale de la ville est imminente : "Je vois ça plutôt en jours qu'en semaines." Selon cette source, les jihadistes tiennent encore un hôpital dans le nord de Mossoul et une zone de la vieille ville. Celle-ci mesurait environ "2 kilomètres carrés" jeudi matin, avant la reprise du site de la mosquée.
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