En rompant un contrat financier, l'Arabie pourrait déstabiliser le Liban
A la lumière des positions prises par le Hezbollah, le royaume saoudien a procédé «à une évaluation de ses relations avec le Liban», a indiqué le 19 février un porte-parole officiel saoudien à l'agence officielle SPA, avant d'annoncer la décision d'interrompre l'aide de trois milliards de dollars et de suspendre le reste d'un financement d'un milliard destiné aux forces de sécurité libanaises.
«Etes-vous avec nous ou contre nous?»
L'aide saoudienne était destinée à financer l'achat d'armes, à la France notamment, pour que l'armée libanaise ait les moyens de combattre les attaques de djihadistes à sa frontière avec la Syrie. Cette décision est donc une mauvaise nouvelle pour le Liban, qui se retrouve ainsi plongé malgré lui dans les tensions régionales.
«Une chose est sûre, l'une des dernières institutions encore debout (l'armée NDLR), cohérente et vaillante se trouve désormais plongée, contre son gré, du fait de la décision arbitraire saoudienne, dans le conflit régional et le clivage sunnite-chiite», écrit ainsi l'Orient le Jour, quotidien francophone libanais.
Selon ce quotidien, les Saoudiens, dont les alliés sont en difficulté en Syrie, ne supportait plus la position libanaise. Et le journal de citer un responsable saoudien s'adressant au Liban: «Êtes-vous avec nous ou contre nous ? », avant d'ajouter: «Vous ne pouvez être à la fois avec et contre nous».
Cette décision saoudienne met aussi en lumière le difficile équilibre de la politique intérieure libanaise où l'union nationale va du Hezbollah, pro-syrien et pro-iranien, au camp Hariri plutôt proche des Saoudiens.
Résultat, les partis les plus opposés au Hezbollah ont immédiatement haussé le ton. «L'Arabie a toujours été là pour aider le Liban et pour cette raison nous devons nous unir et résoudre le problème» a dit le chef du Courant du Futur, Saad Hariri. «Le Hezbollah et le Courant patriotique libre sont responsables de ce qui s'est passé», a-t-il accusé.
Un programme ambitieux
La première livraison de ce très gros contrat de 2,2 milliards d'euros, destiné à moderniser l'armée libanaise, est intervenue en avril 2015. La France avait alors livré 48 missiles antichar Milan. Une série d'autres équipements, dont des véhicules blindés, devaient être initialement livrés en 2015 mais ce calendrier n'a pas été tenu.
Au total, 250 véhicules de combat ou de transport de troupes, sept hélicoptères Cougar, trois corvettes, des moyens modernes d'artillerie comme le canon CAESAR, et de multiples équipements de reconnaissance, interception et communication devaient être livrés dans les prochaines années, selon le schéma présenté en 2015.
Le Liban a réussi à rester relativement à l'écart du conflit syrien. En 2014, des attaques de djihadistes ont eu lieu dans l'est du pays provoquant la mort de plusieurs soldats libanais. La banlieue chiite de Beyrouth a été touchée par un attentat faisant plus de 40 morts en 2015, revendiqué par Daech. De son côté, le Hezbollah soutient militairement le régime Assad, en envoyant des combattants.
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