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Le sénateur américain John McCain était en visite vendredi dans le bastion rebelle libyen de Benghazi

Il a appelé le monde à reconnaître et à armer les insurgés au lendemain de l'annonce par Washington de l'envoi de drones armés au-dessus de la Libye.
Article rédigé par France2.fr
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Le sénateur républicain John McCain au Capitol, à Washington DC, le 21 septembre 2010. (AFP PHOTO/Mandel NGAN)

Il a appelé le monde à reconnaître et à armer les insurgés au lendemain de l'annonce par Washington de l'envoi de drones armés au-dessus de la Libye.

Dans les rues de Benghazi, à un millier de km à l'est de Tripoli, des centaines de personnes ont salué la visite de M. McCain, la plus haute personnalité américaine à se rendre en Libye depuis le début du soulèvement populaire contre le régime de Mouammar Kadhafi à la mi-février.

Ce rival de Barack Obama à la présidence en 2008, qui s'est entretenu avec les responsables du Conseil national de transition (CNT-rébellion), a appelé "la communauté internationale à reconnaître le CNT comme la voix légitime du peuple libyen".

"Ils ont gagné ce droit", a-t-il insisté. La France, le Qatar, l'Italie et la Gambie ont pour l'instant reconnu le CNT comme interlocuteur principal en Libye. "C'est aux Libyens de choisir qui dirige leur pays, pas aux Etats-Unis", a réagi la Maison Blanche.

Mc Cain plaide pour l'envoi d'armes à la rébellion
M. McCain a aussi plaidé pour l'envoi d'armes à la rébellion. "Cela ne va pas arriver", a sèchement répliqué le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen à Bagdad.

Le sénateur américain a voulu dissiper la crainte d'un péril islamiste en Libye. "J'ai rencontré ces grands combattants. Ce ne sont pas des gens d'Al-Qaïda. Au contraire, ce sont des patriotes libyens (et Benghazi est) un exemple puissant et plein d'espoir de ce que peut être une Libye libre".

M. McCain, ainsi que le président français Nicolas Sarkozy, se sont déclarés favorables à ce que "les avoirs libyens gelés à l'étranger soient mis à la disposition du CNT. M. Sarkozy a également donné son "accord de principe" pour une visite à Benghazi, sans préciser de date.

Partisan farouche de l'intervention militaire internationale en Libye, M. McCain a réclamé une intensification des raids de l'Otan.

Dans cette optique, Washington a annoncé jeudi l'envoi de drones armés, des avions sans pilotes susceptibles de frapper dans des zones urbaines.

"Nous espérons que cela puisse mettre fin au siège de Misrata", ville rebelle assiégée et bombardée par les pro-Kadhafi depuis des semaines à 200 km à l'est de Tripoli, a déclaré Moustapha al-Guerriani, un porte-parole du CNT.

"Les drones ont frappé avec succès les forces de Kadhafi", a déjà assuré un combattant rebelle revenant du front Est, entre Ajdabiya, à 160 km au sud de Benghazi, et le site pétrolier de Brega, 80 km plus à l'ouest. "Ils tueront encore plus de civils", a cependant dénoncé le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaim.

Fortes explosions à Tripoli

Vendredi soir, plusieurs fortes explosions ont retenti à Tripoli, survolée depuis le matin par des avions de chasse de l'Otan, selon un journaliste de l'AFP qui n'a pas pu déterminer dans l'immédiat quels sites avaient été visés.

L'amiral Mullen a assuré qu'entre "30 et 40% des forces libyennes" avaient été endommagées, tout en reconnaissant que la situation semblait dans "une impasse" sur le front Est.

Dans le désert, les pro-Kadhafi ont attaqué une station de pompage dans un important site pétrolier à 250 km au sud de Tobrouk, tuant huit gardes, a affirmé un responsable de l'Arabian Gulf Oil Company (Agoco), un groupe pétrolier proche de la rébellion.

Dans la zone montagneuse au sud-ouest de Tripoli, où des combats ont fait des dizaines de morts depuis une semaine, les rebelles ont pris le contrôle de l'un des principaux postes-frontière avec la Tunisie.

Ces deux dernières semaines, 15.000 Libyens ont fui vers la Tunisie dans cette zone, et le Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés redoute que ce ne soit que le début d'un exode "plus important". Selon le HCR et l'Organisation internationale des migrations, plus de 550.000 personnes ont déjà fui la Libye.

Un nouveau ferry affrété par l'OIM, le Red Star One, a quitté Benghazi pour Misrata avec 160 tonnes d'aide humanitaire (nourriture, matériel médical, tentes), pour aider les habitants de Misrata et poursuivre l'évacuation des réfugiés bloqués dans la ville. L'OIM a déjà évacué de Misrata plus de 3.100 réfugiés de 21 nationalités.

La situation humanitaire se dégrade à Misrata
Selon la Croix-Rouge internationale, la situation humanitaire se dégrade à Misrata. L'hôpital principal est débordé et le principal conduit d'alimentation en eau est coupé, ce qui oblige les habitants à se tourner vers les puits et l'usine de désalinisation construite pour l'industrie.

La nuit précédente, un ferry de l'OIM a rapporté à Benghazi les corps de Tim Hetherington et Chris Hondros, deux photographes tués mercredi à Misrata. Une cérémonie d'hommage s'est tenue, en présence d'une trentaine de journalistes, diplomates, représentants d'ONG et de la rébellion.

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