Le président sud-africain a estimé lundi que les raids de l'Otan sapaient la médiation africaine en faveur de la paix
M. Zuma a estimé que le fait d'avoir à "demander la permission de l'Otan" pour se rendre en Libye sapait "l'intégrité de l'Union africaine". Le régime libyen a accusé l'Otan d'avoir tué 11 "martyrs" lors de bombardements.
Selon l'ancien ministre libyen des Affaires étrangères, Abdel Chalgan, 120 combattants libyens auraient fait défection.
"Nous ne pouvons permettre que ce conflit dure trop longtemps. Cela pourrait déboucher sur une situation malheureuse pour la Libye et peut-être pour Kadhafi lui-même", a-t-il poursuivi.
Venu à Tripoli pour évoquer avec le colonel Kadhafi une stratégie qui lui permettrait de quitter le pouvoir après près de 42 ans de règne, M.Zuma est resté deux heures avec Mouammar Kadhafi, qui n'était pas réapparu en public depuis plusieurs semaines.
Selon l'agence libyenne Jana, au cours de la rencontre, Tripoli a dénoncé les "violations" par l'Otan des résolutions de l'ONU, évoquant notamment des tentatives d'"assassinats politiques", la destruction d'infrastructures et le siège maritime imposé au pays.
L'Union africaine a proposé une "feuille de route" pour mettre fin au conflit, qui a été acceptée par le régime mais a été rejetée par le Conseil national de transition (CNT), l'organe de direction de la rébellion.
Pour la rébellion, "aucune négociation n'est possible avant (le) départ (de Kadhafi) et de son régime", a réaffirmé ce week-end le président du CNT, Moustapha Abdeljalil.
La nouvelle initiative diplomatique de M. Zuma, qui a quitté Tripoli dans la soirée, intervient alors que l'Otan a intensifié ses bombardements dans le but de porter le coup décisif au régime libyen.
Ce dernier a accusé l'Otan d'avoir tué lundi 11 personnes lors de bombardements menés à 150 km de Tripoli. "Des sites civils et militaire dans la région de Wadi Kaam, à Zliten, ont été la cible lundi de raids de l'agresseur colonialiste croisé", a rapporté Jana, ajoutant que "11 martyrs sont tombés et un certain nombre de personnes ont été blessées".
L'Otan poursuit ses vols et ses frappes
L'Otan, qui a pris le 31 mars la tête de la coalition internationale, a quant à elle annoncé avoir détruit une vingtaine d'objectifs militaires lors des frappes menées dimanche. Anders Rasmussen, secrétaire général de l'OTAN s'est félicité, selon son habitude, "des progrès significatifs " réalisés en deux mois. Il a appelé, à nouveau, au départ du dirigeant libyen.
Défection d'officiers libyens
Les soutiens au régime libyen se réduisent ces derniers temps comme peau de chargrin, avec notamment la Russie qui vient de se ranger dans le camp des Occidentaux. Autre signe manifeste du délitement du régime, la défection de huit officiers libyens, dont cinq généraux, qui ont appelé lundi d'autres officiers à suivre leur exemple lors d'une conférence de presse à Rome.
Ces officiers "font partie des 120 qui ont quitté Kadhafi et la Libye ces derniers jours", a déclaré l'ancien ministre libyen des Affaires étrangères, Abdel Rahman Chalgam. "Nous espérons que d'autres se joindront à nous et au peuple libyen (...)", a-t-il ajouté.
Le général Salah Giuma Yahmed a de son côté déclaré que les défections signifiaient que les forces de Kadhafi ne pouvaient plus soutenir le régime: "Les forces internationales paralysent les troupes de Kadhafi, qui tournent maintenant à 20% de leurs capacités militaires".
Lancement de la télévision de la rébellion
"Libya Al Hurra", première télévision libyenne à être lancée depuis la début de la rébellion contre Moummar Kaddhafi a commencé" lundi soir à émettre depuis Benghazi, fief de la rébellion dans l'est du pays, a constaté l'AFP.
La première émission de Al Hurra (La liberté) a démarré à 20H00 locales sur la Place de la Révolution, symbole de l'insurrection du 17 février contre le régime du colonel Kadhafi, très fréquentée le soir par les habitants de Benghazi.
La chaîne, diffusée sur Arabsat, fréquence 10730, va émettre quatre heures chaque soir. Al Hurra est financée par des hommes d'affaires libyens et étrangers, et animée par des volontaires.
En Tunisie, où près de 60.000 Libyens ont fui, un nouveau camp de réfugiés d'une capacité de 1.600 personnes, financé par le Qatar, a ouvert ses portes à Tataouine (sud), a indiqué le responsable qatari du camp à l'AFP.
Par ailleurs, la Commission européenne a débloqué lundi 10 millions d'euros pour aider les Tchadiens qui tentent de fuir le conflit et se trouvent dans une situation humanitaire "critique".
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