La contestation gagne le sultanat d'Oman
Cela fait deux jours que la ville de Sohar, à 200 km de Mascate, la capitale d'Oman, est la proie d'affrontements entre manifestants et forces de l'ordre. Cible des contestataires : le poste de police, mais l'assaut a été aussitôt repoussé par les policiers à coups de gaz lacrymogènes. Quelques centaines d'autres manifestants ont bloqué le port de la ville. Un hypermarché a enfin été calciné.
Depuis samedi, les manifestants font le siège du rond-point de la Terre, rebaptisé rond-point de la réforme, dans cette ville, deuxième du pays, qui abrite une raffinerie, des usines pétrochimiques et d'autres industries encore. Mais la tension est montée d'un cran hier, quand la première tentative de dispersion a fait un mort, selon les autorités omanaises, peut-être deux, selon d'autres sources.
Là, comme ailleurs, les revendications se ressemblent : les manifestants, -des jeunes- réclament des emplois, des augmentations de salaire, le limogeage et le jugement de tous les ministres qu'ils accusent de corruption et "la suppression de tous les impôts et taxes sur les soins de santé et sur l'enregistrement des terrains offerts par l'État". Mais ils ne vont pas encore jusqu'à demander la chute du sultan Qabous, qui règne pourtant depuis 40 ans.
Celui-ci a des arguments. À chaque contestation, il lâche un peu de lest. En janvier, après une manifestation de 200 personnes, il avait annoncé l'augmentation du salaire minimum. Et hier, devant ce nouveau soulèvement, il a tenté à nouveau d'amadouer les contestataires en annonçant des mesures sociales, comme le versement d'allocations chômages de 150 rials (390 dollars) et la création de 50.000 emplois. Sans résultat cette fois !
Le sultanat d'Oman compte une population de près de trois millions de personnes, dont 20% d'étrangers. Voisin du Yémen, de l'Arabie Saoudite et des Émirats arabes unis, il contrôle la sécurité du détroit d'Ormuz, par où transitent 40% du pétrole exporté par voie maritime dans le monde. C'est donc un état relativement prospère, mais la jeunesse, massivement scolarisée, peine à y trouver du travail et puise donc des idéaux d'avenir dans les révoltes environnantes.
Cécile Quéguiner, avec agences
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