Témoignages "Des blessés ont été déplacés sur des ânes" : face aux combats à Gaza, Médecins sans frontières contraint d'évacuer l'un des derniers hôpitaux encore ouverts

L'ONG a été contrainte de quitter la dernière structures du centre de l'enclave, devenue une zone à risque pour les patients et le personnel.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des familles palestiniennes retirent leurs tentes du centre d'hébergement de l'hopital Al-Aqsa, le 7 janvier 2024. (IMAGO/NAAMAN OMAR  \ APAIMAGES / MAXPPP)

À Gaza, les hôpitaux ferment les uns après les autres. Dans le centre de l’enclave, Médecins sans frontières vient de se retirer de la dernière structure qui fonctionnait. Les combats se rapprochent dangereusement de l’hôpital Al-Aqsa, à Deir el Balah, qui pourrait s’effondrer comme l’hôpital Al-Shifa plus au nord.

Nabil est un témoin privilégié du mouvement de panique qui a touché l’hôpital Al-Aqsa le week-end du 7 janvier. Il vit sur place dans une tente depuis plus de 15 jours. Il raconte, par Whatsapp, que des soignants et des patients ont déserté : "Il y a des blessés qui ont été déplacés sur des ânes ! Vous imaginez ! Avec des broches, etc... Tout le monde a été déplacé parce qu’ils ont peur. Les bombardements sont autour de l'hôpital."

Un ordre d'évacuation envoyé par l'armée israélienne

Ces derniers jours, les combats se sont rapprochés de l’hôpital. Les soins intensifs et des bâtiments ont été touchés par des tirs. Un ordre d’évacuation a été envoyé par l’armée israélienne pour le secteur qui est autour. Les 48 personnels de Médecins sans frontières ont alors quitté les lieux, explique Stephen Goriely, chef de mission MSF Belgique. "On sait par expérience que rester dans un hôpital quand des combats ont lieu de façon rapprochée est extrêmement dangereux pour les équipes et pour les patients. Et c'est une des raisons pour lesquelles nous avons immédiatement quitté l'hôpital",assure-t-il.

Malgré tout, il reste du personnel dans l'hôpital de Deir el Balah. Mais les conditions se dégradent sensiblement, déplore dans une vidéo Sean Cassey, coordonnateur des urgences pour l’Organisation mondiale de la santé. "Il ne reste que 30% des équipes à cause de l'ordre d'évacuation, à cause de la peur d'être blessé ou tué dans le secteur avec des combats qui sont tout proches. Cet hôpital accueille des dizaines, parfois même des centaines de blessés au quotidien, avec très peu de docteurs et très peu d'infirmiers", constate-t-il. 

La seule structure dans le centre de l'enclave

L’hôpital Al-Aqsa est la seule structure dans le centre de Gaza. L’absence de protection par l’armée israélienne accroît l’insécurité selon Gemma Connell, qui travaille pour la coordination humanitaire de l’ONU. "Cet hôpital est la seule ligne de vie pour les gens dans le milieu de l'enclave, le seul endroit où on peut avoir accès à des services et sauver leur vie. À l’intérieur de cet hôpital, on a des enfants qui viennent tout juste d'être blessés par des éclats, on a une femme qui a dû attendre 6 jours pour avoir accès à un traitement."

À Gaza, les hôpitaux sont devenus des zones à risques : il n’en reste plus que neuf qui fonctionnement partiellement dans la partie sud, où se trouve actuellement la grande majorité de la population.

Face aux combats à Gaza, Médecins sans frontières contraint d'évacuer l'un des derniers hôpitaux encore ouverts : le reportage d'Etienne Monin

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