Reportage Guerre au Proche-Orient : l'interdiction des travailleurs palestiniens, un sujet épineux en Israël comme en Cisjordanie

Depuis que l'État hébreu a interdit l'entrée des travailleurs palestiniens sur son sol, Israël manque de bras, notamment dans le bâtiment. Dans les territoires occupés, l'argent manque et la colère monte.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un homme passe à côté d'une voiture détruite par un bombardement israélien, le 9 janvier 2024, en Cisjordanie occupée. (ZAIN JAAFAR / AFP)

Ils ont besoin d’eux mais ils en ont peur. Depuis le 7 octobre, les travailleurs palestiniens qui faisaient fonctionner en partie l’économie israélienne n’ont plus le droit d’entrer sur le territoire de l’État hébreu. L’attentat au couteau et à la voiture bélier du lundi 15 janvier à Raanana, au nord de Tel-Aviv, qui a causé un mort et fait 17 blessés dont deux jeunes Français, a ravivé le débat. Les deux terroristes arrêtés sont en effet des Palestiniens de la région d’Hébron entrés illégalement. En Israël, c’est la peur qui gagne du terrain, alors que des secteurs comme le bâtiment ou l’agriculture manquent de bras. Et dans les territoires occupés, l’argent manque et la colère monte.

Dès le lendemain de l’attentat, les réactions au plus haut niveau se sont multipliées. "Nous ne les ferons pas rentrer dans les centres-villes ! Certainement pas !" La grande majorité va dans le même sens, comme celle de la ministre d’extrême droite chargée des colonies, Orit Strook, sur les ondes de la radio de l’armée. "On n’a pas le choix, affirme-t-elle. C’est l’enseignement que nous avons tiré du 7 octobre. On ne peut pas acheter la tranquillité avec de l’argent. Ça ne fonctionne pas. C’est nous ou eux !"

"La plupart des gens n’ont pas à manger"

Eux, ce sont donc les 20 000 travailleurs palestiniens de Gaza, et les 140 000 de Cisjordanie qui, avant le 7 octobre, comme Nadia, gagnaient leur vie de l'autre côté de la frontière. Elle vit à Béethlem et dit perdre chaque mois 1 000 euros car depuis la fermeture du point de passage 300, elle ne peut plus exercer, à Jérusalem, son métier d’assistante maternelle. "La plupart des gens n’ont pas à manger. Vraiment. Celui qui a de l’or ou quelque chose, il le vend pour acheter de la nourriture, raconte-t-elle. S’il ne rouvre pas, les gens vont être sous pression et ça va exploser. La situation est mauvaise pour les deux camps."

Avant l’attentat de Raanana, l’armée et les services de sécurité intérieure avaient averti sur le risque d’explosion populaire en Cisjordanie occupée si le blocus était maintenu trop longtemps. Depuis le début de la semaine, ces voix sont inaudibles.

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