Guerre entre le Hamas et Israël : le jour d'après

Alors que l’intensité des combats dans le centre de la bande de Gaza reste élevée, le secrétaire d'État américain Antony Blinken effectue une tournée dans la région pour essayer de retenir le bras d'Israël et recoller les morceaux du puzzle avec les pays arabes. Les dirigeants tentent de dessiner le jour d'après. Mais les conditions d'une paix future ne sont toujours pas réunies.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 15 min
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, le 25 mai 2021 à Jérusalem lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. (ALEX BRANDON / AFP)

Les pieds dans le sable ocre, un casque de combat sur la tête, l'ancienne journaliste Tal Heinrich accomplit son travail de porte-parole officiel du bureau du Premier ministre. Elle se tient devant un tunnel du Hamas qui émerge d'une colline de sable, dans la bande de Gaza, à 400 mètres a peine de la frontière israélienne. Elle s'adresse à une poignée de journalistes, invités par l'armée à entrer dans cette zone de guerre, qui reste interdite à la presse malgré une action en justice de l'association de la presse étrangère. Thibault Lefèvre, le correspondant permanent de Radio France à Jérusalem, a enfin réussi à obtenir le feu vert pour suivre les militaires dans Gaza,  après plus d'une centaine de messages envoyés à l'armée. "On était une trentaine, et puis tu as 10 minutes pour aller dans le tunnel, c'est chacun son tour."

À Gaza, les tunnels sont à la fois une prouesse technique, un redoutable moyen pour s'adapter au blocus et à la surveillance mis sur pied par Israel depuis 2007. Mais c'est aussi le symbole du détournement d'une partie des maigres ressources de l'enclave au profit d'un projet militaire. C'est donc intéressant d'entrer dans cette grande bouche de fer de plus de 2m de haut, qui émerge d'une colline de sable, même si c'est encadré par l'armée : "Quand j'imagine les otages prisonniers dans les tunnels du Hamas, j'ai une idée de ce qu'ils peuvent vivre au quotidien." D'après l'armée israélienne, il reste 136 otages dans la bande de Gaza.

Les hôpitaux tombent comme des dominos

Cette semaine, la situation des hôpitaux s'est encore dégradée à Gaza. La dernière structure du centre de l'enclave a été en partie évacuée à cause des tirs qui se rapprochent. Les hôpitaux tombent comme des dominos malgré les demandes de protection lancés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et par l'ONU, organisation pour laquelle travaille Gemma Connell.

"Les personnels dans cet hôpital sont des héros qui font ce qu'ils peuvent, sans dormir, sans nourriture. Cet hôpital et le personnel doivent être protégés."

Gemma Connell

L'aide humanitaire à Gaza n'est pas dimensionnée pour faire face. Le nord est quasiment inaccessible et le sud est surpeuplé. L'ONU estime qu'on se rapproche d'un risque de famine.

La frontière du Liban reste incandescente

Lundi 8 janvier, un haut responsable du Hezbollah, Wissam Tawil, a été assassiné dans la ville de Khirbet Selm, au sud du Liban. Les hôpitaux israéliens sont en alerte et la population s'installe dans cette guerre. Près de 160 000 personnes sont toujours déplacées en Israël.

En mer Rouge, le front s'est élargi. Jeudi soir, les forces américaines et Britanniques ont riposté à un nouvel assaut aérien contre des Navires marchands. Des radars et des infrastructures Houthis, ont été bombardés sur plusieurs sites au Yémen pour la première fois.

Pour tenter de contenir l'embrasement, et pour essayer de préparer "le jour d'après", le secrétaire d'État américain Antony Blinken a passé pas mal de temps dans son avion cette semaine. Il a essayé de retenir la main d'Israel et de recoller les morceaux du puzzle avec les pays arabes. "L'idée, c'est que les Palestiniens de Gaza seraient administrés par une sorte de tutelle internationale", explique Eric Biegala, envoyé spécial de Radio France à Jérusalem. Dans ce contexte, un deuxième front s'est ouvert à Laye devant la cour internationale de justice. L'Afrique du Sud demande à la cour de suspendre les opérations, accusant Israël de génocide. L'État hébreu a envoyé d'éminents juristes pour se défendre. La décision ne sera pas contraignante mais le camp qui l'emportera pourra s'en prévaloir, pour renforcer son narratif, son point de vue, et peser diplomatiquement.

Michel Bar Zohar, historien, ancien député travailliste à la knesset, estime que "les Américains pensent que nous allons quitter la bande de Gaza, nous mettre sur la frontière, et faire des incursions chirurgicales. Ce qui n'est pas du tout possible." Auteur de la biographie de Shimon Peres intitulée Shimon Péres et l'histoire secrète d'Israël, il juge qu'il est "très difficile aujourd'hui d'envisager un État palestinien qui serait un État sympathisant à Israël. De plus, le gouvernement de Benyamin Netanyahu engendrera tous les problèmes à l'autorité palestinienne et lui posera tous les obstacles."

Dans cet épisode : Thibault Lefèvre, Willy Moreau, Sandrine Malon et Eric Biegala

Technique : Alex Komasa

Réalisation : Pauline Pennanec'h, Etienne Monin

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