: Reportage "Ça va nous retomber dessus" : dans le sud d'Israël, réfugiés et professionnels s'inquiètent des conséquences économiques du conflit
Les entrées et les sorties sont continues au pied de cet immense hôtel de couleur ocre, à deux pas de la mer, à Eilat, dans le sud d'Israël. À l'intérieur, une mini-ville, où sont réfugiées 1 500 personnes, sans emploi depuis un mois, et forcées de quitter la zone militaire près de la frontière avec Gaza. Lior, une jeune maman institutrice avant la guerre, s'avance avec sa poussette. "La municipalité nous a remis au départ quelques coupons. En tout, on a reçu l'équivalent de 120 euros en coupon et 200 euros de l'État", compte-t-elle.
Derrière elle, un couple qui possède une exploitation agricole près de la bande de Gaza et a investi dans une voiture récemment s'interroge : comment vont-ils rembourser leur prêt ? "Je vais commencer à vendre des choses pour payer ce que j'ai à payer, et je vais peut-être devoir mettre mon exploitation en vente pour payer mes dettes. C'est absurde", dit le mari.
Des dépenses évaluées à 47 milliards d'euros
Les conséquences économiques de la guerre entre Israël et le Hamas commencent à fortement inquiéter les quelque 60 000 réfugiés présents dans cette ville. Car si le taux de pauvreté explose à Gaza et en Cisjordanie, la guerre coûte aussi très cher à l'Etat hébreu. Les dépenses pourraient même atteindre l'équivalent de 47 milliards d'euros, selon les premières projections du ministère des Finances israélien.
Le parlement israélien envisage de débloquer l'équivalent de 2 milliards d'euros d'aides aux entreprises, dont beaucoup sont touchées par l'absence de salariés, réservistes ou réfugiés. Les autorités prennent aussi en charge le logement des personnes qui ont fui les zones de guerre. Il y en a 130 000 dans le pays, près de la moitié rien qu’à Eilat.
"Il y a ceux dont les revenus ont été très diminués. Il y a ceux dont les entreprises se trouvent à l'intérieur de la zone militaire. Il y a ceux qui ont été mis en congé sans solde. Et tous ceux-là se retrouvent incapables, le dix du mois, de payer leurs factures", raconte Sahaf, une assistante sociale envoyée par les autorités, et qui confie se sentir un peu démunie derrière sa table installée à l'entrée d'un hôtel.
"On essaie d'élaborer avec eux, une solution à partir de rien, mais nous n'avons pas de solution toute prête."
Sahaf, une assistante sociale envoyée à Eilatà franceinfo
"Ce sont les citoyens qui vont devoir assumer la remise à flot"
Le budget militaire explose de son côté : 240 millions d'euros en plus par jour de combat. Malgré une aide exceptionnelle promise par les États-Unis, Lior, la jeune mère de famille, s'inquiète aussi pour l'avenir. "Ça va nous retomber dessus : sur les impôts, les impôts locaux, les taux d'intérêt... Ce sont les citoyens qui vont devoir assumer la remise à flot."
C'est le prix à payer pour vivre en sécurité, nuancent d'autres personnes interrogées, mais qui sera certainement très difficile à assumer dans un pays déjà très touché par l'inflation.
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