: Reportage A Jenine, le retour difficile des habitants du camp de réfugiés après l'attaque israélienne
L'heure est au retour et à la constatation des dégâts, considérables, pour les 3 000 habitants de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie occupée, qui ont quitté leur maison la semaine dernière, lors de l'opération militaire menée par l'armée israélienne. La poussière est partout, au sol ou en suspension, soulevée par le vent chaud, les pas des gens, les voitures et les bulldozers de la municipalité qui nettoient les rues du camp de réfugiés. Il y a une semaine, des bulldozers militaires israéliens étaient à l'œuvre. Près d’un millier de soldats, des drones et des bulldozers, ont frappé pendant trois jours. Des attaques qui ont fait 13 morts : 12 Palestiniens et un soldat israélien.
>> Ce que l'on sait de l'opération menée par l'armée israélienne à Jénine
Oussama, 21 ans, traîne un portail en fer forgé tout tordu. "C’était le portail de notre maison qui a été détruite par un bulldozer des forces d’occupation, explique-t-il. Un groupe de jeunes Palestiniens était là pour défendre leur terre et leur quartier, c’est pour ça que vous voyez autant de dégâts. Les Israéliens les appellent terroristes, mais non ! Ils sont notre résistance !"
Partout, des voitures écrasées, comme transformées en boule ou en cube. Devant la maison de Kamle, 64 ans, un camion a subi le même traitement. Il appartient à son fils, qui est mécanicien. "Ils ont pris le camion, ils l’ont compressé avec le bulldozer et ont commencé à jouer avec comme si c’était un ballon de football, se désole Kamle. Ils ont essayé de détruire la maison avec, mais ça n’a pas marché, alors ils ont balancé le camion ici et là. Puis ils ont détruit les marches de notre entrée, ils ont pris une autre voiture comprimée et tenté de détruire les murs et la porte d’entrée."
Quand Israël dénonce le terrorisme palestinien, Mustafa Shita répond "Résistance". Le directeur général du Theâtre de la Liberté, haut lieu culturel et activiste de Jénine, justifie toutes les attaques. "Je considère qu’il n’y a pas un seul ‘civil’ israélien. Tous les Israéliens font leur service dans l’armée israélienne, donc il n’y a aucune raison de les considérer comme des ‘civils’. Non ! Ce sont des occupants et on a le droit de combattre cette occupation."
Chez Raja et sa belle-sœur Hayat, un missile a perforé le mur des toilettes. Une partie du logement a été soufflée. Les larmes aux yeux, Raja montre un tube noir. Elle garde le missile. "Un tir de drone ! On le garde là pour toujours se souvenir de ce qui s’est passé ici. L’armée n’est arrivée à rien, tout dépend de Dieu." La fille de Raja, 4 ans, tient une cage à la main. Dedans, son petit oiseau mort, faute de soins quand la famille était à l’abri. Le volatile au plumage rose repose au fond. Cela fait deux jours que la petite fille refuse de lâcher la cage qu’elle promène partout avec elle.
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