Ce que l'on sait de l'opération menée par l'armée israélienne à Jénine, en Cisjordanie occupée
Les habitants du camp de réfugiés de Jénine n'avaient pas connu un tel raid depuis au moins cinq ans. Deux jours après l'opération de grande ampleur menée par Israël dans cette ville au nord de la Cisjordanie occupée, l'armée israélienne a annoncé officiellement y mettre un terme, mercredi 5 juillet. Mobilisés par centaines, les militaires ont commencé à se retirer de Jénine mardi soir, alors que le bilan continuait de s'alourdir. Voici ce que l'on sait de cette opération.
Le raid militaire a duré moins de 48 heures
Lundi matin, les 18 000 habitants du camp de réfugiés de Jénine, l'un des plus pauvres et des plus denses de ce territoire occupé par Israël depuis 1967, ont été réveillés par des frappes de drones. Puis, des centaines de soldats israéliens sont entrés dans la ville, juchés parfois sur des bulldozers, avant d'en dévaster les rues.
Des fusillades et des explosions ont ensuite retenti pendant plusieurs heures, au point de pousser à l'exode près de 3 000 personnes, selon le gouverneur adjoint de la ville. Le bilan est lourd : le ministère palestinien de la Santé fait état de 12 morts du côté palestinien et d'une centaine de blessés, dont 20 dans un état grave. L'armée israélienne a également annoncé avoir arrêté 30 suspects et confisqué des armes ainsi que de l'argent servant, selon elle, à des fins terroristes.
Cette opération militaire est la plus importante depuis des années en Cisjordanie occupée. Depuis lundi, les habitants du camp doivent composer avec des coupures d'eau et d'électricité. Le maire de la ville décrit "une situation désastreuse".
Jénine, une "plaque tournante du terrorisme" selon Israël
"Nous ne permettrons pas à Jénine de redevenir un refuge pour le terrorisme" a affirmé le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Le chef du gouvernement s'est rendu sur une base militaire près de Jénine, au lendemain du lancement de l'opération militaire. L'armée israélienne affirme y avoir ciblé "une infrastructure terroriste" et "un centre d'opérations" de la Brigade de Jénine.
Le camp de Jénine est connu pour être le bastion de plusieurs groupes armés locaux, dont cette Brigade. Israël affirme qu'elle compte parmi ses membres des hommes du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Ce n'est pas la première fois que Jénine est endeuillée par des opérations israéliennes. Le camp avait même été assiégé par Israël il y a un peu plus de vingt ans, en 2002. Ce siège, qui avait duré plus d'un mois, avait causé la mort de 52 Palestiniens et 23 soldats israéliens. L'an dernier, en mai 2022, la journaliste vedette d'Al Jazeera, Shireen Abu Akleh, a été tuée par une balle à Jénine alors qu'elle y couvrait des affrontements.
Des ripostes palestiniennes
Après le raid, le Jihad islamique palestinien a prévenu : "Toutes les options sont sur la table pour frapper l'ennemi." Quelques heures plus tard, la ville israélienne de Tel-Aviv a été visée par un attentat à la voiture bélier, blessant sept civils, dont deux gravement, selon le chef de la police locale. Un Palestinien était au volant de cette voiture, et a été abattu après en être sorti pour poignarder des passants. Cette attaque a été saluée par le Hamas, qui évoque "une première réponse aux crimes contre notre peuple dans le camp de Jénine".
Dans la nuit de mardi à mercredi, alors que les forces israéliennes commençaient à se retirer de la ville, l'armée a annoncé la mort de l'un de ses soldats. Ce sous-officier israélien a succombé à des balles dans le camp de Jénine.
Mercredi matin, cinq roquettes ont été tirées depuis la bande de Gaza vers Israël. L'armée israélienne a annoncé les avoir interceptées puis avoir mené des frappes vers cet autre territoire palestinien, sans faire de blessé.
La communauté internationale inquiète
Avant qu'Israël n'annonce son retrait de Jénine, ces violences ont suscité l'inquiétude de la communauté internationale, comme la Ligue arabe, réunie la veille en urgence sur le sujet. Cette attaque israélienne a été dénoncée, y compris par des pays qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël, comme la Jordanie et les Emirats arabes unis.
Des pays européens ont aussi réagi. Israël a "le droit de se défendre" mais doit respecter la "proportionnalité du droit international", a estimé mardi l'Allemagne. Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a appelé l'armée israélienne "à faire preuve de retenue dans son opération et toutes les parties à éviter une escalade".
Depuis le début de l'année 2023, au moins 190 Palestiniens, 26 Israéliens, une Ukrainienne et un Italien sont morts dans des violences liées au conflit israélo-palestinien, selon un décompte de l'AFP.
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