La bande de Gaza confrontée à une baisse de l’aide humanitaire
Avec la concurrence des guerres en Syrie, en Irak, ou au Yémen, les agences humanitaires à Gaza font face à une chute spectaculaire des financements. Or près de la moitié de la population de l'enclave palestinienne dépend de l’aide alimentaire.
Deux ans après la guerre de Gaza en 2014, plus de 60 000 personnes sont toujours déplacées sur le territoire gazaoui. L’eau et l’électricité sont toujours très aléatoires et le taux de chômage des jeunes explose. Ce qui se passe à Gaza ressemble à une situation de panne générale, témoigne Allah Rachid. L'entreprise de ce menuisier ne s'est pas remise de la guerre. "Je ne travaille pas en ce moment. A la fin de la semaine j’ai entre 100 et 120 euros pour moi et pour mes collègues. On ne peut pas dire qu’on travaille", explique-t-il.
Aujourd'hui, près de la moitié de la population de Gaza dépend, plus ou moins fortement, de l’aide alimentaire. Dans ce tableau déjà sombre, les agences humanitaires font face à une chute spectaculaire des financements. En 2016, le plan pour la réponse humanitaire dans la bande de Gaza a été réduit par rapport aux deux années précédentes et pour l'instant il n’est financé qu’à hauteur de 27% pour l'enclave. "Après l’offensive de 2014, Il y a eu beaucoup de soutien pour aider les ONG à venir en aide aux gens qui souffraient à Gaza. Mais après un certain temps, les fonds ont diminué au moment où les besoins ont augmenté. Donc il y a un décalage", analyse Amjad Shawa, qui travaille pour une coalition d’ONG palestiniennes.
Désintérêt des bailleurs de fonds
Gaza souffre de la concurrence des autre conflits, en Syrie, en Irak ou au Yémen et de son enfermement dans une crise chronique. "Au même moment, la Palestine et Gaza en particulier, sont dans un conflit de longue durée. Les besoins humanitaire sont devenus plus complexes, plus profonds, alors qu’on note peu de progrès. Donc les donateurs sont réticents", observe Kathleen Maes, responsable de la structure qui coordonne l’aide humanitaire pour l’ONU à Gaza.
Est-ce que des modèles d’assistance qui couvrent quasiment les deux tiers de la population gazaouie sont soutenables dans le temps ? Non, sûrement pas.
Ce désintérêt des bailleurs de fonds se double d’un désintérêt politique pour la région. Mais il questionne aussi le modèle humanitaire appliqué aujourd’hui à Gaza. "Il y a une économie à soutenir à Gaza, des projets de la société civile à mettre en valeur. Et peut-être qu’on devrait insister un peu plus sur ces modèles-là que sur des modèles d’assistance extérieure traditionnels tels que les humanitaires peuvent avoir à le faire dans d’autres situations", s’interroge Christophe Gadrey, chef de bureau au Service de l’Union européenne pour l’aide humanitaire et la protection civile, un important bailleur.
Même l’avancée de la reconstruction de la péninsule devient préoccupante. D’après les experts cités par l’ONU, au rythme actuel, à peine plus de la moitié des maisons serons réparées ou reconstruites, d’ici un an.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.