Guerre entre Israël et le Hamas : comment se concrétise la promesse de Benyamin Nétanyahou d'"intensifier les combats" dans la bande de Gaza

Le Premier ministre israélien continue de marteler qu'il n'envisage pas de cessez-le-feu avant d'avoir détruit le Hamas.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des militaires israéliens près de Nahal Oz (Israël), près de la frontière avec la bande de Gaza, le 26 décembre 2023. (MOSTAFA ALKHAROUF / ANADOLU / AFP)

Deuxième visite dans la bande de Gaza en deux mois et demi de guerre pour Benyamin Nétanyahou. Le Premier ministre israélien, équipé d'un gilet pare-balles et d'un casque, a posé au milieu de soldats israéliens, tout sourire, lundi 25 décembre. Les pertes civiles et militaires ne cessent de s'alourdir, les appels internationaux à faire taire les armes se multiplient, et le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, vendredi, une résolution exigeant de faciliter le passage de l'aide humanitaire. Malgré tout, le dirigeant israélien, inflexible, a annoncé à ses troupes une amplification de l'opération militaire contre le Hamas, le mouvement islamiste au pouvoir dans l'enclave palestinienne. " Nous n'arrêtons pas, (...) nous intensifions les combats dans les jours à venir. Ça sera une longue guerre", martèle-t-il devant des militaires dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. 

Ce souhait de renforcer les bombardements et les opérations au sol est relayé depuis plusieurs jours par les officiers de l'armée israélienne sur la ligne de front. Le général Yaron Finkelman, chef du commandement du Sud, a précisé le 20 décembre que l'armée était prête à entrer dans "une autre phase significative de l'offensive, dans de nouvelles zones". Cette opération militaire "va se poursuivre et avancer. Elle continuera avec une pression contre l'ennemi. (...) Nous allons continuer à progresser ici et dans d'autres zones où nous n'avons pas encore manœuvré", a-t-il souligné, cité par le quotidien The Times of Israël.

Cette stratégie militaire implique de nouvelles avancées dans le sud de l'enclave, qui avait pourtant été désigné par Israël comme une zone refuge pour les civils fuyant les combats quand ils se concentraient dans le Nord. Mardi matin, la ville de Khan Younès, présentée par l'armée israélienne comme le fief des chefs du Hamas à Gaza, a encore été frappée. Tsahal affirme avoir "identifié" plusieurs membres de l'organisation palestinienne "qui avançaient vers un complexe appartenant à l'organisation terroriste, où de nombreuses armes étaient stockées". Un avion israélien a bombardé l'installation et "tué la cellule terroriste", précise l'armée dans un message sur Telegram. Elle affirme par ailleurs que plus de cent cibles, dont des entrées de tunnels et des sites militaires, ont été visées en 24 heures dans toute la bande de Gaza. Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, 241 Palestiniens ont été tués dans ces bombardements.

Des objectifs encore loin d'être atteints

Dans les colonnes du Wall Street Journal , lundi, Benyamin Nétanyahou a formulé les buts de guerre d'Israël et défini trois "prérequis" pour parvenir à la paix : la destruction du Hamas, qualifié "d'émissaire central de l'Iran" ; la démilitarisation de l'enclave palestinienne ; et la "déradicalisation" de la société palestinienne. Pourtant, l'objectif minimal de détruire le mouvement palestinien, formulé par le gouvernement israélien après les attaques du 7 octobre, n'est toujours pas atteint. Le Premier ministre israélien reconnaît d'ailleurs dans ce texte certaines difficultés : "Le Hamas place son infrastructure terroriste à l'intérieur et sous les maisons, les hôpitaux, les mosquées, les écoles et d'autres sites civils", souligne-t-il.

D'après le centre d'analyse américain Institute for the Study of War (ISW), l'efficacité de la stratégie militaire israélienne est limitée. Sur trente bataillons des brigades al-Qassam, la branche militaire du Hamas, étudiés dans un rapport publié le 22 décembre, seuls trois sont hors d'état de combattre, tandis que huit voient leurs capacités "dégradées" par les pertes au combat, estiment les analystes. Cette endurance du Hamas s'explique : le mouvement islamiste s'est structuré "pour survivre à une action militaire israélienne, en construisant une organisation militaire résiliente", souligne l'ISW.

Face à ces obstacles, l'extension de la guerre préoccupe les Etats-Unis, affirmait CNN dès début décembre, citant plusieurs responsables de l'administration de Joe Biden. Les dirigeants américains plaideraient auprès d'Israël en faveur d'une " stratégie hyper-localisée de moindre intensité" ciblant les dirigeants du Hamas.

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