Guerre au Proche-Orient : Israël ne renouvelle plus les visas des humanitaires étrangers en Cisjordanie

Le travail des humanitaires étrangers se complique en Cisjordanie occupée, car Israël a cessé de délivrer des visas depuis le 7 octobre. Deux tiers d'entre eux n’ont déjà plus de visa. Certains choisissent de rester illégalement sur le territoire pour continuer à travailler.
Article rédigé par franceinfo
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Un travailleur humanitaire de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), le 30 janvier 2024 en Cisjordanie occupée. (JAAFAR ASHTIYEH / AFP)

Depuis le 7 octobre, le gouvernement israélien a cessé de délivrer des visas pour le personnel étranger des ONG qui travaillent en Cisjordanie occupée. Résultat : en presque cinq mois, deux tiers des travailleurs humanitaires étrangers n’ont déjà plus de visa. Ils doivent partir ou rester illégalement sur le territoire pour assurer leur travail. Le reste des employés a des visas sur le point d’expirer dans les prochaines semaines ou mois. Une situation extrêmement compliquée au moment où le soutien humanitaire est plus que jamais nécessaire dans la région après presque cinq mois de conflit.

Le visa de ce travailleur humanitaire, qui préfère conserver l’anonymat, a expiré fin 2023. Comme toute la profession, et grâce à une procédure mise en place au début de la guerre par Israël, il a eu une extension automatique jusqu’au 8 février. Mais depuis cette date, plus rien. "Et depuis, je suis dans une situation compliquée, illégale, ce qui affecte ma présence sur le territoire et mes capacités d’opérations pour mon travail."

"Je ne peux plus me déplacer librement en Cisjordanie, je ne peux pas aller à Jérusalem, je ne peux plus traverser de checkpoints."

Un humanitaire

à franceinfo

Comme lui, ils sont près d’une centaine sans visas renouvelés. Tous travaillent pour des organismes humanitaies qui viennent en aide à la population palestinienne. "Nous avons des cas où ce sont les postes de directeur-pays des ONG ou d’autres cadres supérieurs qui n’ont pas été renouvelés, déplore Firas Arouri, le coordinateur d’AIDA, l’Association des agences internationales de développement à Ramallah. Et parfois, nous parlons de petites organisations qui ne peuvent pas se permettre de perdre leurs employés clés, surtout en ce moment. Cette mesure, nous la voyons comme intrinsèque aux restrictions d’accès généralisées des ONG, que ça soit en Cisjordanie ou à Gaza. Car les expatriés d’autres secteurs ont eu leurs visas étendus, c’est donc que le secteur humanitaire est visé et que c’est une décision politique."

Les humanitaires de l'ONU aussi concernés

Les instances diplomatiques ont toutes été alertées, précise Firas Arouri, avant d’en appeler à des actions et une prise de position de la part de la communauté internationale. Les autorités israéliennes disent aux ONG internationales que cela vient d’une réorganisation du processus de délivrance des visas, et que les services sont débordés depuis le 7 octobre. Mais cette fois, le renouvellement automatique n’a pas eu lieu. Et si Israël ne recommence pas à délivrer des visas, tous les travailleurs humanitaires étrangers devront partir au début de l’automne, date à laquelle les derniers visas délivrés en 2023 expireront.

Les travailleurs humanitaires de l’ONU sont également touchés par ces restrictions des visas, le personnel n’ayant accès qu’à court terme à Israël et à Gaza. Contacté, le ministère israélien de l'Intérieur n'a pas répondu aux demandes de commentaires.

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