Ce que l'on sait de la frappe israélienne qui a visé le chef militaire du Hezbollah, Fouad Chokr, à Beyrouth

L'armée israélienne a annoncé mardi soir que ses avions de chasse avaient "éliminé" le commandant de la puissante formation pro-iranienne.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Vue d'un bâtiment partiellement détruit par l'armée israélienne à Beyrouth (Liban), le 31 juillet 2024. Le chef militaire du Hezbollah se trouvait à l'intérieur au moment de la frappe. (HOUSSAM SHBARO / ANADOLU / AFP)

Une nouvelle élimination, aux conséquences imprévisibles. En pleine escalade du conflit entre Israël et le Hamas à Gaza, l'armée israélienne a annoncé, mardi 30 juillet, avoir "éliminé" Fouad Chokr, le chef militaire du Hezbollah libanais, soutien du Hamas, à Beyrouth. La puissante formation pro-iranienne a de son côté confirmé mercredi que son responsable militaire se trouvait dans l'immeuble visé par la frappe israélienne, avant d'officialiser mercredi soir sa mort. Voici ce que l'on sait de cette frappe, intervenue à la veille d'une autre élimination de haut niveau, celle du chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, tué à Téhéran, en Iran.

Une frappe sur un immeuble de la banlieue sud de Beyrouth

Trois civils – une femme et deux enfants – ont été tués et 74 autres personnes blessées dans ce bombardement mené sur un immeuble de la banlieue sud de la capitale libanaise, selon un bilan du ministère de la Santé libanais. Le dernier étage de ce bâtiment de huit niveaux a été éventré, laissant un gouffre d'où pendaient des fils électriques. Des ambulances, sirènes hurlantes, ont tenté de se frayer un passage à travers une foule dense de passants rassemblés autour de voitures recouvertes de débris, d'après des images de l'AFP. "J'ai d'abord entendu un sifflement depuis mon balcon puis une frappeMon beau-frère était là et a été blessé à la jambe", a témoigné une habitante auprès de franceinfo.

A l'intérieur du bâtiment se trouvait Fouad Chokr, dont la mort a été confirmée officiellement par le Hezbollah mercredi soir. Les avions de chasse "de l'armée de l'air israélienne ont éliminé le plus haut responsable militaire de l'organisation terroriste Hezbollah et le chef de son unité stratégique, Fouad Chokr, dans la région de Beyrouth", avait de son côté affirmé l'armée israélienne, dès mardi.

Fouad Chokr considéré comme le responsable de l'attaque du Golan et recherché par les Etats-Unis

Selon le porte-parole des forces israéliennes, Fouad Chokr était "le commandant responsable" de l'attaque du Golan. Ce tir meurtrier, samedi, sur la ville de Majdal Shams, située dans la partie du plateau syrien du Golan annexée par l'Etat israélien, a tué 12 jeunes âgés de 10 à 16 ans alors qu'ils jouaient sur un terrain de football. 

Le Hezbollah a "franchi la ligne rouge", a déclaré mardi soir le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, quelques minutes après la frappe. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait de son côté promis, lundi, une "réponse sévère" à cette attaque.

Selon le département d'Etat américain, Fouad Chokr a également joué "un rôle-clé" dans des "opérations militaires du Hezbollah en Syrie" mais aussi dans l'attaque qui a fait plus de 200 morts en 1983 parmi les Marines américains à Beyrouth. Washington avait annoncé en 2017 offrir des récompenses en échange d'informations utiles à la traque de deux dirigeants du Hezbollah, dont Fouad Chokr. 

Une "agression" israélienne dénoncée par le Liban et ses soutiens

Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a condamné cette frappe israélienne, dénonçant une "agression flagrante" et un "acte criminel", et appelant la communauté internationale à "faire pression" sur Israël afin qu'il "arrête (...) ses menaces".

L'Iran, qui soutient le Hezbollah, a de son côté dénoncé une "action vicieuse et criminelle" et assuré que cette attaque n'empêchera pas "la fière résistance libanaise de continuer (...) à soutenir les Palestiniens opprimés et lutter contre l'agression" israélienne. La Russie, dont l'Iran est l'un des principaux alliés, a de son côté accusé Israël de violation du droit international.

Une élimination qui accentue les craintes d'une extension régionale de la guerre

Les craintes d'une extension au Liban de la guerre dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas palestinien et d'un conflit généralisé dans la région sont de plus en plus vives. Depuis l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, le Hezbollah et l'armée israélienne échangent quasi quotidiennement des tirs à leur frontière commune.

C'est la deuxième fois que Beyrouth est directement touchée par une frappe israélienne depuis le 7 octobre. En cas d'escalade des tensions dans la région, les habitants des quartiers sud, densément peuplés, craignent d'être les victimes de nouvelles frappes à venir, comme ils l'ont confié à franceinfo.

Le porte-parole de l'armée israélienne a prévenu, mardi soir : "L'agression en cours du Hezbollah et des attaques brutales entraînent le peuple du Liban et tout le Moyen-Orient dans une escalade plus large." "Bien que nous préférions résoudre les hostilités sans conflit élargi, [l'armée israélienne] est pleinement préparée à tous les scénarios", a ajouté Daniel Hagari.

"La solution ne peut pas être militaire", a réagi la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert. Un avis appuyé par la vice-présidente américaine et candidate démocrate à l'élection présidentielle, Kamala Harris. Si elle a estimé qu'Israël avait le "droit de se défendre" contre le Hezbollah, elle a ajouté : "Nous devons encore travailler à une solution diplomatique pour mettre fin aux attaques."

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