50 ans après la Guerre des Six-Jours, des Palestiniens dans l'attente d'une vie "décente" à Jérusalem
A l'occasion du cinquantième anniversaire de la Guerre des Six-Jours, franceinfo zoome sur un quartier de la partie annexée de Jérusalem, où des Palestiniens sont en attente d'une normalisation, malgré de multiples demandes.
Le 5 juin 1967, Israël lançait la guerre des Six-Jours contre ses voisins arabes. Depuis, l'Etat hébreu a considérablement augmenté son territoire. La Cisjordanie est toujours sous occupation. La colonisation s’est développée massivement. Jérusalem reste une ville partagée, sous administration israélienne, où des Palestiniens cherchent à normaliser leur vie quotidienne.
Au sud de Jérusalem, Umm Tuba est un quartier situé dans la partie annexée de la ville, planté en face d’une colonie qui a avalé dans son développement le seul terrain de football du quartier. La visite, guidée par le responsable de la communauté, le mukhtar Aziz Teir, génère une longue plainte. Il décrit l'abandon du secteur, qui crée, dit-il, de la frustration.
Regardez ces déchets et cette rue. Je leur ai demandé de reboucher au moins les trous avant l’hiver. Ils n’ont rien fait.
Aziz Teir, mukhtar du quartier Umm Tuba
Les besoins élémentaires ont émoussé les revendications politiques
Le quartier ne réussit pas à obtenir les conditions de la normalisation souhaitée. Le sous-développement reste chronique, comme dans tous les quartiers palestiniens de Jérusalem, précise Aziz Teir. "Nous demandons à ce gouvernement et à son bras actif, la municipalité de Jérusalem, de nous donner certains de nos droits. Nous savons qu’ils ne nous donneront pas tous nos droits", explique-t-il.
Le village manque de tout, on veut le droit d’avoir au moins une vie décente.
Aziz Teir
Après 50 ans d’occupation, le goût de la revendication politique a disparu, explique Oleg Romashouk, un Palestinien originaire de Russie.
Nous nous battons pour notre pain. Nous en sommes arrivés à ce point. Nous pensons à nourrir et élever nos enfants.
Olag Romashouk
La situation de cohabitation est figée
A Jérusalem, de plus en plus de Palestiniens tentent d’obtenir la nationalité israélienne, un passage obligé pour assouplir le corset administratif qui fragilise les conditions de vie. Pour autant, la ville n’a pas réussi à construire un modèle de cohabitation, explique Amnon Ramon, de l’Institut de recherche sur les politiques de Jérusalem. "Ce n’est pas de la coexistence, mais on peut dire qu’on vit ensemble, de façon séparée", constate l'expert.
Ce n’est une ville unifiée, mais pas non plus séparée. C’est quelque chose entre les deux.
Amnon Ramon, Institut de recherche sur les politiques
La partie palestinienne de Jérusalem a été négligée pendant des décennies. À l’occasion des 50 ans de la Guerre des Six-Jours, le gouvernement israélien et la municipalité ont annoncé un plan d’investissements, tout en réaffirmant la volonté de souveraineté sur la partie Est de la ville, pourtant revendiquée par les Palestiniens comme la capitale d’un éventuel futur État.
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