Cet article date de plus de trois ans.

"J'espère que ça va promouvoir la paix ici" : la visite du pape François à Bagdad enthousiasme et inquiète les habitants

Le chef de l'Église catholique entame vendredi 5 mars une visite de trois jours en Irak. Sa venue suscite de l'espoir dans un pays marqué par des tensions religieuses mais aussi de la crainte alors que les cas de Covid-19 explosent.

Article rédigé par franceinfo - Lucile Wassermann
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des membres des forces spéciales irakiennes surveillent une église catholique syriaque de Bagdad (Irak), jeudi 4 mars, à la veille de l'arrivée dans la ville du pape François. (AHMAD AL-RUBAYE / AFP)

Dans les rues de Bagdad, c'est par centaines qu'on compte les affiches à l'effigie du pape François, qui entame vendredi 5 mars une visite historique de trois jours en Irak. Des messages de bienvenue, relayés par les habitants, comme Ahmed, 36 ans : "Sa visite est importante, on lui souhaite la bienvenue ici ! Si Dieu le veut, ses efforts pour réconcilier les religions payeront, en particulier pour les chrétiens. J'espère que ça va promouvoir la paix ici, parce qu'on appartient tous à ce pays, on est tous des frères, musulmans ou chrétiens".

Une nouvelle vague de contamination au Covid-19

Pour l'occasion, les autorités ont remis à neuf tous les sites que le chef de l'Église catholique visitera. Une première depuis des décennies ironisent certains habitants : "Aujourd'hui il y a même l'électricité dans la cité antique d'Ur, que le pape visitera à Nassiriya ! Ca n'était pas arrivé depuis 4 000 ans !"

"C'est bien, ils se soucient soudainement des monuments historiques et des liens entre les religions !"

Un habitant de Bagdad

à franceinfo

Cette visite historique intervient alors que l'Irak connaît une nouvelle vague de contaminations au Covid-19. Les cas explosent dans le pays et les mesures sanitaires ont été renforcées, mais dans les rues peu d'Irakiens s'en soucient. Lorsqu'on aborde le sujet, ces trois jeunes femmes se regardent d'un air amusé : "Franchement, tout le monde s'en fout du coronavirus ici ! Regardez autour de vous : personne ne porte de masque ! Allez quoi... 2% des gens... Ce qui est mal... Enfin, mince, je devrais peut-être porter le mien d'ailleurs !" Et toutes les trois se mettent à rire.

"La visite d'un pape dans ce pays... une folie !"

L'une d'entre elles vit aujourd'hui aux États-Unis. Pour cette Irakienne, ce n'est pas la situation sanitaire, mais sécuritaire, qui est préoccupante en Irak. "La visite d'un pape dans ce pays... une folie ! C'est dingue, dit-elle. C'est pas vraiment rassurant. Moi, j'avais peur de venir. Je suis Irakienne et j'avais peur de revenir ici ! J'avais vraiment peur, même quelques minutes avant mon vol... j'ai failli annuler."

À deux jours de la visite, une pluie de roquettes s'abattait encore sur une installation militaire américaine. Un rappel que ce voyage du pape François - à Bagdad puis à Najaf et à Ur dans le sud du pays, puis à Erbil, Qaraqosh et Mossoul dans le nord - est en effet aussi important, que risqué.

Le reportage de Lucile Wassermann

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.