Irak: le Premier ministre accuse Al-Qaïda d'avoir tué Cheikh Abdoul Sattar
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a accusé vendredi l'organisation Al-Qaïda d'avoir perpétré l'attentat contre le principal allié sunnite de l'armée américaine, Cheikh Abdoul Sattar Abou Richa, tué jeudi dans l'explosion d'un engin piégé à Ramadi (ouest).
"Ce crime porte la signature des terroristes d'Al-Qaïda et vise à déstabiliser la province d'al-Anbar (ouest)", a déclaré M. Maliki, dans un communiqué officiel.
Cheikh Abdoul Sattar Abou Richa "avait un rôle éminent dans la lutte contre les Takfiris (extrémistes sunnites) qui ont tenté de confisquer al-Anbar pour y établir une base obscurantiste en Irak".
Sa mort "ne fera qu'augmenter la détermination du peuple, dont les fils d'al-Anbar, à combattre le terrorisme et à en débarrasser l'Irak", selon le Premier ministre.
Celui-ci a "ordonné la création d'une commission d'enquête pour éclaircir les circonstances de l'incident", et s'est dit "sûr que les criminels qui en sont à l'origine seront arrêtés".
"Le martyre d'Abou Risha restera dans la mémoire de tous les Irakiens et de nos services de sécurité pour sa confrontation héroïque contre les terroristes et pour les expulser d'al-Anbar", ajoute le communiqué.
M. Maliki a également appelé "les fils des tribus et tous les hommes de bonne volonté à ne pas aider les étrangers à répandre le sectarisme dans al-Anbar".
Cheikh Abdoul Sattar Abou Richa a été tué jeudi après-midi avec trois de ses gardes du corps par l'explosion d'une bombe près de son domicile, au nord-ouest de Ramadi, capitale de la province d'al-Anbar.
Ce chef tribal respecté dirigeait une coalition d'une quarantaine de tribus rassemblées sous son autorité, le "Réveil d'al-Anbar", qu'il avait mobilisées pour lutter aux côtés des troupes américaines contre Al-Qaïda en Irak.
Membre d'une éminente tribu irakienne, les al-Doulaïmi, il était le principal artisan des sévères revers infligés depuis plusieurs mois à Al-Qaïda dans al-Anbar, et de la nouvelle stratégie d'alliance avec les anciens insurgés sunnites, présentée comme un "succès" par le commandement américain.
Il était ainsi devenu un interlocuteur privilégié des responsables américains et avait serré la main de M. Bush lors de sa visite surprise dans la région d'al-Anbar le 3 septembre.
Cheikh Abdoul Sattar Abou Richa a été tué un an jour pour jour après la création de sa coalition du "Réveil d'al-Anbar", et quelques heures avant une importante déclaration du président américain George W. Bush sur l'Irak.
La Maison Blanche a qualifié cet attentat d'"acte indigne", se disant confiante quant à la poursuite de lutte contre Al-Qaïda par les chefs tribaux.
La mort de Cheikh Abdoul Sattar est une "perte tragique", selon le Pentagone, qui a assuré que "le mouvement qu'il a initié lui survivra(it)".
Le président Jalal Talabani a de son côté rendu un vibrant hommage au chef sunnite, qu'il a comparé à une "figure historique", digne de ceux qui menèrent la révolution contre le colonisateur britannique en 1920 ou le coup d'Etat contre la monarchie en 1958.
"Les exploits de Cheikh Abou Risha nous commande d'oublier nos divisions et de travailler main dans la main contre les forces de l'ignorance et le terrorisme (...)", a exhorté le président Talabani, dans un communiqué.
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