Ahmadinejad au Liban, à deux pas d'Israël
Il y sera presque. Ce mercredi, Mahmoud Ahmadinejad va pouvoir contempler de ses yeux, dans le lointain, la frontière du pays dont il réclame la disparition sur tous les tons, jusqu'à la tribune de l'ONU. Depuis le Liban sud, il pourra peut-être distinguer les patrouilles de Tsahal. Qui braquera ses jumelles sur l'autre en premier ? la scène sera sans doute intéressante à observer.
Les mauvaises langues diront qu'en venant en voyage officiel au Liban aujourd'hui et demain, le président iranien pense faire le tour du propriétaire, tant l'influence de Téhéran polarise la vie politique au pays du Cèdre, au grand dam des Occidentaux et de leurs alliés locaux.
Car l'Iran a resserré son emprise politique et économique, tandis que la Syrie, jadis très présente, perdait la sienne. Politiquement, les alliés de l'Iran ont fait leur chemin au plus haut niveau de l'Etat. Le Hezbollah, bras armé de Téhéran dans la région, est entré au gouvernement et le président de la Chambre des députés, Nabil Berri, en est issu.
L'Iran est aussi en passe de devenir le banquier du Liban. Au lendemain de l'offensive israélienne de 2006, il a ouvert sa bourse au Hezbollah. Hassan Nasrallah assure que Téhéran a donné un milliard de dollars pour la reconstruction de Beyrouth et du sud, ses fiefs. Il en aurait aussi profité pour réarmer le mouvement, qui disposerait de 30.000 roquettes et missiles.
Téhéran ne se limite pas à aider le Hezbollah. L'Iran a proposé son aide au gouvernement, pour moderniser le réseau électrique, financer des projets hydrauliques, ou rééquiper l'armée, depuis que le Congrès américain a décidé de cesser les fournitures d'armes, et ce au mépris des sanctions internationales liées au dossier du nucléaire. Mahmoud Ahmadinejad arrive avec un prêt de 450 millions de dollars pour ces dossiers, et un projet de coopération énergétique, alors que le Liban s'apprête à à attribuer, en 2011, des licences d'exploration dans ses eaux méditerranéennes.
Il sera donc reçu en grandes pompes par le président Michel Souleïmane, Nabih Berri et le Premier ministre sunnite Saad Hariri, fils de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, assassiné sur le front de mer de Beyrouth en février 2005. Il prononcera un grand discours à Beyrouth, lors d'un meeting du Hezbollah. Les Etats-Unis craignent que cette visite ne sape la légitimité du pouvoir libanais, alors que la situation interne est très tendue.
Cerise sur le gâteau, Mahmoud Ahmadinejad s'offrira donc une petite virée, à titre privé, dans deux villes du Liban sud sévèrement bombardées par Israël : Kana et Bint Jbeïl, à seulement quatre kilomètres de la frontière.
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