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Prix Albert Londres 2013: «mission acccomplie» pour Annick Cojean
La session 2013 du prix Albert Londres, qui s’est tenue à Montréal du 8 au 10 mai 2013, est terminée. La grande reporter au «Monde» Annick Cojean, présidente du jury, peut enfin respirer. Et savourer un bilan très largement positif. Entretien.
Publié
Mis à jour
Temps de lecture : 5min
(De notre envoyé spécial à Montréal, Laurent Ribadeau Dumas)
Cette année, les deux lauréats, Roméo Langlois et Doan Bui, ont été primés pour des sujets liés à des expériences personnelles. Selon quels critères le jury établit-il ses choix ?
C’est toujours très difficile de départager les candidatures. Il y a ceux qui écrivent une dépêche d’agence, donc un texte court, alors que d’autres font un texte long de 30.000 signes. Il y a aussi ceux qui ont rédigé leur papier de manière précipitée dans la nuit qui précède la remise de la copie, et ceux qui l’ont fait deux mois avant, en prenant leur temps.
Dans ce contexte, nous nous efforçons de revenir aux fondamentaux d’Albert Londres : la sincérité, la qualité de l’écriture, le souci de l’autre, celui de partager.
Il faut voir qu’un journaliste est là en vertu d’une délégation de curiosité que lui ont donnée les lecteurs : ceux-ci voient par ses yeux. Quelque part, c’est une tâche effrayante ! Alors pour communiquer ce que l’on a vu, il faut trouver le bon mot, la bonne phrase, la rupture de rythme qui convient. La manière dont on va écrire, le style sont donc essentiels : c’est ce qui permet de faire partager une émotion.
Dans le même temps, le journaliste ne doit pas avoir peur de s’impliquer, de montrer quand il est perplexe. De ce point de vue, une subjectivité avouée, une indépendance et une liberté totales, l’absence de prismes idéologiques sont essentielles dans cette profession.
Chez Albert Londres, on constate aussi beaucoup de cœur, d’humanité, une attention à l’autre, beaucoup de tendresse pour les gens, une vraie empathie. Il a su avoir une attitude combative pour pourfendre les injustices.
Alors, je pense que les deux journalistes que nous avons primés sont totalement dans cet esprit. Nous les connaissions déjà puisqu’ils avaient déjà concouru. Nous avons ainsi pu les suivre dans la continuité.
Mais évidemment, chaque lauréat est une sorte de pari. Et quand nous les avons vus arriver à Montréal avant la cérémonie de remise des prix, fatigués, un peu inquiets, nous avons découvert deux belles personnes, très séduisantes, cultivées, pleines de qualité. Deux personnes conformes à ce que l’on avait déjà pu voir d’elles.
Pour l’avenir, allez-vous ouvrir le prix à d’autres supports, comme le numérique et la radio ?
Nous avons parfois reçu des candidatures de sujets conçus pour des sites internet. Mais nous étions un peu démunis pour les juger. Faut-il alors créer un troisième prix pour le numérique et les nouvelles écritures ? C’est peut-être un peu prématuré. Nous avons déjà fait des réunions sur ce thème et nous allons continuer à réfléchir.
En ce qui concerne un prix radio, c’est un peu difficile car il n’y a pas beaucoup d’offres. Et quand il y en a, elles émanent surtout du service public. Les sujets sont souvent trop courts (du genre 1 minute 30) et ne correspondent pas assez à la démarche d’Albert Londres, qui n’hésitait pas à rester longtemps sur un sujet.
Vous dites souvent que vous souhaitez «ouvrir» le prix. Quels sont vos projets ?
Le précédent président du jury, Henri Amouroux, avait pris l’initiative de l’organiser ailleurs qu’à Paris. Il nous a ainsi fait bouger à Reims, à Cayenne, à Dakar, à Rio… Nous allons poursuivre sur cette lancée.
En venant à Montréal, nous avons pu tendre la main aux confrères québécois. Cela permet de faire des rencontres stimulantes et de créer des liens. Cela permet aussi d’accroître la notoriété du prix dans la Francophonie, tout en défendant ses valeurs: celle d’un certain journalisme, de terrain, de reportage, qui s’implique et qui s’engage.
De ce point, nous avons pu constater qu’au Québec, il y a un vrai appétit pour ces valeurs. Il n’y a qu’à voir les retombées dans la presse d’ici, et plus généralement francophone. Jusqu’à Tahiti, comme j’ai pu le constater ! On peut donc dire pour cette année : «Mission accomplie !».
Cette année, les deux lauréats, Roméo Langlois et Doan Bui, ont été primés pour des sujets liés à des expériences personnelles. Selon quels critères le jury établit-il ses choix ?
C’est toujours très difficile de départager les candidatures. Il y a ceux qui écrivent une dépêche d’agence, donc un texte court, alors que d’autres font un texte long de 30.000 signes. Il y a aussi ceux qui ont rédigé leur papier de manière précipitée dans la nuit qui précède la remise de la copie, et ceux qui l’ont fait deux mois avant, en prenant leur temps.
Dans ce contexte, nous nous efforçons de revenir aux fondamentaux d’Albert Londres : la sincérité, la qualité de l’écriture, le souci de l’autre, celui de partager.
Il faut voir qu’un journaliste est là en vertu d’une délégation de curiosité que lui ont donnée les lecteurs : ceux-ci voient par ses yeux. Quelque part, c’est une tâche effrayante ! Alors pour communiquer ce que l’on a vu, il faut trouver le bon mot, la bonne phrase, la rupture de rythme qui convient. La manière dont on va écrire, le style sont donc essentiels : c’est ce qui permet de faire partager une émotion.
Dans le même temps, le journaliste ne doit pas avoir peur de s’impliquer, de montrer quand il est perplexe. De ce point de vue, une subjectivité avouée, une indépendance et une liberté totales, l’absence de prismes idéologiques sont essentielles dans cette profession.
Chez Albert Londres, on constate aussi beaucoup de cœur, d’humanité, une attention à l’autre, beaucoup de tendresse pour les gens, une vraie empathie. Il a su avoir une attitude combative pour pourfendre les injustices.
Alors, je pense que les deux journalistes que nous avons primés sont totalement dans cet esprit. Nous les connaissions déjà puisqu’ils avaient déjà concouru. Nous avons ainsi pu les suivre dans la continuité.
Mais évidemment, chaque lauréat est une sorte de pari. Et quand nous les avons vus arriver à Montréal avant la cérémonie de remise des prix, fatigués, un peu inquiets, nous avons découvert deux belles personnes, très séduisantes, cultivées, pleines de qualité. Deux personnes conformes à ce que l’on avait déjà pu voir d’elles.
Pour l’avenir, allez-vous ouvrir le prix à d’autres supports, comme le numérique et la radio ?
Nous avons parfois reçu des candidatures de sujets conçus pour des sites internet. Mais nous étions un peu démunis pour les juger. Faut-il alors créer un troisième prix pour le numérique et les nouvelles écritures ? C’est peut-être un peu prématuré. Nous avons déjà fait des réunions sur ce thème et nous allons continuer à réfléchir.
En ce qui concerne un prix radio, c’est un peu difficile car il n’y a pas beaucoup d’offres. Et quand il y en a, elles émanent surtout du service public. Les sujets sont souvent trop courts (du genre 1 minute 30) et ne correspondent pas assez à la démarche d’Albert Londres, qui n’hésitait pas à rester longtemps sur un sujet.
Vous dites souvent que vous souhaitez «ouvrir» le prix. Quels sont vos projets ?
Le précédent président du jury, Henri Amouroux, avait pris l’initiative de l’organiser ailleurs qu’à Paris. Il nous a ainsi fait bouger à Reims, à Cayenne, à Dakar, à Rio… Nous allons poursuivre sur cette lancée.
En venant à Montréal, nous avons pu tendre la main aux confrères québécois. Cela permet de faire des rencontres stimulantes et de créer des liens. Cela permet aussi d’accroître la notoriété du prix dans la Francophonie, tout en défendant ses valeurs: celle d’un certain journalisme, de terrain, de reportage, qui s’implique et qui s’engage.
De ce point, nous avons pu constater qu’au Québec, il y a un vrai appétit pour ces valeurs. Il n’y a qu’à voir les retombées dans la presse d’ici, et plus généralement francophone. Jusqu’à Tahiti, comme j’ai pu le constater ! On peut donc dire pour cette année : «Mission accomplie !».
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