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Pays-Bas: les succès économiques vont-ils peser sur l'élection du 15 mars 2017?

La reprise de l’économie néerlandaise s'est confirmée avec une croissance de 2,1% en 2016, ce qui est supérieur à la moyenne européenne. Après la période difficile qui a suivi la crise de 2007-2008, les Pays-Bas voient tous ses indicateurs passer au vert, même si le chômage reste relativement haut. De quoi rassurer le gouvernement pour l'échéance électorale du 15 mars 2017.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Les Pays-Bas ne comptent pas que sur les tulipes et le port de Rotterdam pour assurer leur croissance économique. L’économie néerlandaise est certes portée par ses secteurs traditionnels, comme le commerce extérieur, mais aussi par le retour de la demande intérieure, qui bénéficie d’un relâchement de la politique d'austérité qui a suivi la crise.  

«Il est à noter que le gouvernement néerlandais utilise en 2016 et en 2017, dans un contexte pré-électoral, les marges budgétaires pour soutenir la demande au moyen d’un rétablissement du pouvoir d’achat. Cette politique de relance s’est traduite par un allègement fiscal (notamment sur le travail) de 5 milliards d'euros en 2016», note une étude économique française.

Population (17 millions d'habitants) bien formée, infrastructures modernes, les Pays-Bas bénéficient aussi d'un emplacement géographique propice à ses activités économiques au centre des grands bassins d'emplois européens. Pas étonnant que le pays se classe 6e puissance économique européenne et 5e exportateur mondial de marchandises.


Sortie de crise: déficit public en fort recul
Les Pays-Bas sont sortis en 2013 de la procédure pour déficit excessif, leur solde budgétaire respecte depuis les critères du Pacte de stabilité et de croissance. Le déficit public a été ramené à 1,1%, si bien que la dette publique (moins de 65% du produit intérieur brut) est aujourd’hui relativement faible.

Ces bons résultats financiers sont dus à la vigueur de l'économie néerlandaise. «Les investissements des entreprises (+5% en 2016; +3,8% en 2017) contribuent fortement à la croissance, de même que la consommation des ménages qui devrait augmenter de 1,3% cette année et de 1,8% en 2017. Les dépenses publiques contribuent de façon non négligeable à la croissance (avec +0,8% en 2016 et +1% en 2017), alors que, tout comme la consommation des ménages, elle avait été très faible, voire négative, sous l’effet des mesures de consolidation budgétaires», note une étude du Trésor français sur les Pays-Bas.

«Les conditions monétaires ont été très accommodantes pendant un certain temps, contribuant au redressement du marché du logement et stimulant les exportations via la dépréciation de l'euro», note l'OCDE à propos des Pays-Bas qui disposent d'un secteur financier (banques et assurances) puissant et très concentré.


Pays industriel et premier exportateur agricole d'Europe
La balance commerciale du pays est largement positive (plus de 50 milliards d'euros d'excédents commerciaux) grâce au dynamisme de ses activités  Le commerce extérieur bénéficie à la croissance néerlandaise. Le pays profite aussi du poids des investissements étrangers (favorisés par une fiscalité très avantageuse pour les multinationales).  

L'activité industrielle génère «un quart du PIB avec la transformation des aliments, l'industrie pétrochimique, la métallurgie ou encore l’industrie d’équipements de transport. Ce secteur emploie 15% de la population active. Les Pays-Bas font aussi partie des plus grands producteurs et distributeurs de pétrole et de gaz naturel», note le site du Moniteur du Commerce International. 

Pourtant, le gouvernement a dû limiter la production des hydrocarbures nationaux, pesant légèrement sur la croissance, pour des questions géologiques.

Plus surprenant, le PIB néerlandais profite largement de son secteur agricole qui est fortement exporteur. Les Pays-Bas ont mis sur pied une agriculture ultra-performante (dont les fleurs). C'est le premier exportateur européen du secteur (devant la France avec une superficie pourtant plus de 10 fois moindre) et le deuxième du monde derrière les Etats-Unis... 


La question de l'emploi: travail temporaire et autoentrepreneurs
Résultat de ces bons indicateurs: le chômage affiche une décrue permanente. Après 6,9% en 2015, il devait s’élever à 5,7% en septembre 2016. Mais ce chiffre cache un important travail à temps partiel (plus ou moins volontaire) qui ramène la durée hebdomadaire moyenne du travail dans le pays à 30 heures par semaine et une forte hausse du travail «indépendant». Ce type d'emploi (ZZP en néerlandais) progresse fortement et concerne plus d’un million de personnes, soit 17% de l’emploi total, à la mi-2015.

Ce développement de l'autoentrepreneuriat pourrait être positif s'il s'accompagnait d'innovations, note l'OCDE qui y voit aussi une façon de contourner le haut niveau de protection sociale du pays. Le gouvernement a relativement tenté de réguler ce type d'emplois – avec cotisations sociales moindres – qui risquent de peser sur tout le système social du pays. 

Sur le plan social, «en termes de bien-être, les résultats des Pays-Bas sont supérieurs ou égaux à la moyenne de l'OCDE, même s'ils sont un peu en deçà de ceux des pays nordiques. Le taux de pauvreté néerlandais est un des plus bas de l'OCDE. A l'aune du coefficient de Gini, les inégalités de revenus sont inférieures à la moyenne de l'OCDE», se félicite l'organisme économique.

Dans ce pays cofondateur de l'Europe et dont l'économie est totalement intégrée aux autres économies de l'UE, les électeurs vont-ils mettre en tête de leurs votes le parti résolument anti-européen de Gert Wilders? A moins que ce discours anti-européen masque le discours anti-immigration (il y aurait deux millions d'immigrés non européens, selon Le Monde). Réponse le 15 mars.

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