Cet article date de plus de huit ans.
Israël développe sa politique de colonies au grand dam de l'ONU
Le gouvernement israélien a annoncé le 10 juillet 2016 avoir débloqué près de 13 millions de dollars pour la colonie de Kiryat Arba en Cisjordanie occupée. Cette annonce intervient dans un contexte tendu sur le terrain, alors que le gouvernement Netanyahu est de plus en plus marqué à droite avec l'arrivée d'Avidgor Lieberman. Une situation dénoncée par l'ONU.
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Le gouvernement Netanyahu avait déjà annoncé en juin une aide de 70 millions de shekels (16 millions d'euros) à plusieurs colonies. Il a approuvé récemment 560 nouveaux logements à Maale Adumim, une autre colonie de Cisjordanie. Les annonces de constructions nouvelles dans les colonies existantes se succèdent au fil des ans, provoquant les mêmes communiqués indignés des capitales occidentales.
La mairie de Jérusalem a ainsi accordé le 7 juin des permis de construire pour 82 logements dans le quartier de colonisation de Ramat Shlomo à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, a indiqué l'ONG israélienne Ir Amim. Ces 82 logements répartis sur deux bâtiments s'inscrivent dans un projet plus vaste annoncé en 2010 pour la construction de 1.600 logements à Ramat Shlomo, quartier ultra-orthodoxe, a précisé dans un communiqué l'association qui milite pour la coexistence israélo-palestinienne à Jérusalem.
Des colonies nées de la guerre des Six jours
Des colonies nées de la guerre des Six jours
Le département d'Etat américain a critiqué le 5 juillet 2016 le projet d'Israël d'implanter 560 nouveaux logements dans une colonie de Cisjordanie, qui serait une «nouvelle étape» dans une politique «systématique» d'expansion des colonies. Si ce projet était mené à bien, ce «serait la dernière étape en date de ce qui semble être un processus systématique d'expropriation de terrains, d'expansion de colonies, et de légalisation» d'implantations illégales en Cisjordanie, a déclaré Washington.
Ces constructions doivent voir le jour dans la colonie de Maale Adoumim, à l'est de Jérusalem, qui a été créée en 1975 et compte aujourd'hui plus de 37.000 habitants.
La construction de colonies n'est pas nouvelle et ne s'est pas faite que sous des gouvernements de droite, ou de droite extrême comme celui de l'actuel Premier ministre. La colonisation des territoires occupés en 1967 lors de la guerre des Six jours a commencé en 1968... sous un gouvernement travailliste, dans le cadre d'une stratégie appelée «plan Allon», du nom d'un militaire israélien. Mais ce plan, au départ à vocation officiellement défensive, a vite dû composer avec des revendications nationalistes et religieuses qui aboutit, en 1968, à l'implantation d'une colonie à Kiryat Arba à côté de la ville palestinienne d'Hébron.
En Israël, on assiste alors à un sionisme religieux: «Les Juifs doivent s’installer dans toute la Palestine du fait de la promesse faite par Dieu. Ces idées sont portées par des groupes de pression. Le plus connu d’entre eux, le Goush Emounim (Bloc de la foi), créé en 1974, incite les Israéliens à venir s’installer en Cisjordanie, par devoir religieux», insiste le site Les Clefs du Moyen-Orient. L'arrivée de la droite au pouvoir en 1977 ne fait qu'amplifier le phénomène.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. «Le nombre des colons de Cisjordanie (est passé) de 112.000 en 1992 à 150.000 en 1995, auxquels il faut ajouter les 170.000 Juifs de Jérusalem-Est. En mai 1999, ce sont 180.000 colons qui résident dans les 123 implantations de Gaza (dont Israël s'est retiré en 2005, NDLR) et de Cisjordanie. En 2008, la Fondation pour la paix au Moyen-Orient estime à 300.000 le nombre de colons en Cisjordanie, et à 185.000 leur nombre à Jérusalem-Est, alors que la population palestinienne de Cisjordanie est estimée à 2,3 millions d’habitants (chiffre de 2008). En 2010, le B’Tselem (le Centre d’information israélien pour les Droits de l’Homme dans les territoires occupés) estime que les colons occupent 42% du territoire cisjordanien».
C'est d'ailleurs dans cette colonie de Kiryat Arba qu'a eu lieu le dernier incident grave en date. Un Palestinien y a poignardé à mort fin juin une Israélienne de 13 ans alors qu'elle dormait.
Les colonies empêchent la possibilité de deux Etats
Aujourd'hui, la colonisation est le principal point de blocage du dossier israélo-palestinien. Cette colonisation impose la présence militaire et est sans doute la cause principale des violences qui se déroulent chaque jour, bloque l'économie palestinienne et empêche toute négociation.
La construction de colonies n'est pas nouvelle et ne s'est pas faite que sous des gouvernements de droite, ou de droite extrême comme celui de l'actuel Premier ministre. La colonisation des territoires occupés en 1967 lors de la guerre des Six jours a commencé en 1968... sous un gouvernement travailliste, dans le cadre d'une stratégie appelée «plan Allon», du nom d'un militaire israélien. Mais ce plan, au départ à vocation officiellement défensive, a vite dû composer avec des revendications nationalistes et religieuses qui aboutit, en 1968, à l'implantation d'une colonie à Kiryat Arba à côté de la ville palestinienne d'Hébron.
En Israël, on assiste alors à un sionisme religieux: «Les Juifs doivent s’installer dans toute la Palestine du fait de la promesse faite par Dieu. Ces idées sont portées par des groupes de pression. Le plus connu d’entre eux, le Goush Emounim (Bloc de la foi), créé en 1974, incite les Israéliens à venir s’installer en Cisjordanie, par devoir religieux», insiste le site Les Clefs du Moyen-Orient. L'arrivée de la droite au pouvoir en 1977 ne fait qu'amplifier le phénomène.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. «Le nombre des colons de Cisjordanie (est passé) de 112.000 en 1992 à 150.000 en 1995, auxquels il faut ajouter les 170.000 Juifs de Jérusalem-Est. En mai 1999, ce sont 180.000 colons qui résident dans les 123 implantations de Gaza (dont Israël s'est retiré en 2005, NDLR) et de Cisjordanie. En 2008, la Fondation pour la paix au Moyen-Orient estime à 300.000 le nombre de colons en Cisjordanie, et à 185.000 leur nombre à Jérusalem-Est, alors que la population palestinienne de Cisjordanie est estimée à 2,3 millions d’habitants (chiffre de 2008). En 2010, le B’Tselem (le Centre d’information israélien pour les Droits de l’Homme dans les territoires occupés) estime que les colons occupent 42% du territoire cisjordanien».
C'est d'ailleurs dans cette colonie de Kiryat Arba qu'a eu lieu le dernier incident grave en date. Un Palestinien y a poignardé à mort fin juin une Israélienne de 13 ans alors qu'elle dormait.
Les colonies empêchent la possibilité de deux Etats
Aujourd'hui, la colonisation est le principal point de blocage du dossier israélo-palestinien. Cette colonisation impose la présence militaire et est sans doute la cause principale des violences qui se déroulent chaque jour, bloque l'économie palestinienne et empêche toute négociation.
Sur le plan international, le groupe chargé de faire un rapport sur le Proche-Orient, le Quartet, «a tiré le signal d'alarme pour avertir que nous sommes sur une pente dangereuse menant à une réalité faite d'un seul Etat qui est incompatible avec les aspirations des deux peuples», écrit Nickolaï Mladenov, l'envoyé spécial des Nations Unies, en complément du rapport sur le conflit du Proche-Orient des Quatre (Russie, USA, Union européenne et ONU) remis à l'ONU.
Selon le rapport, Israël a réservé à son usage exclusif environ 70% de la zone C (carte), qui représente 60% du territoire de la Cisjordanie occupée et comprend une majorité de terres agricoles, de ressources et de réserves naturelles. «Le transfert de pouvoirs et de responsabilités à l'autorité civile palestinienne dans la zone C, envisagé par les engagements pris au terme de précédents accords, a de fait été interrompu et dans certains cas inversé et devrait être repris pour faire avancer la solution à deux Etats et empêcher qu'une réalité à un Etat ne s'installe», affirme encore le rapport qui dénonce par ailleurs la violence des Palestiniens.
Aujourd'hui, le chemin parcouru depuis 1967 peut se mesurer avec un chiffre: le Quartet estime à 570.000 le nombre d'Israéliens implantés en Cisjordanie. Face à ce phénomène, les grandes puissances mesurent la limite de leur discours qui tourne toujours autour de la théorie des deux Etats. Or, l'ancien correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin, affirmait déjà en 2014 : «Je n'arrive pas à imaginer que les analystes des chancelleries, en Europe et même aux Etats-Unis, ne soient pas conscients qu'on n'évacuera pas 380.000 colons, et pas même 10.000. L'idée de deux Etats est morte.»
«La frustration palestinienne ne risque pas de disparaître par la simple volonté de l'esprit ; elle ne peut pas être vaincue par des mesures de sécurité agressives, des arrestations ou des démolitions de maisons punitives», a déclaré M.Mladenov, le représentant de l'ONU, lors d'une réunion du Conseil de sécurité. Sur le terrain, depuis octobre, une vague de violences secoue les Territoires palestiniens, Israël et Jérusalem. Elle a coûté la vie à 214 Palestiniens, 34 Israéliens, deux Américains, un Erythréen et un Soudanais, selon un décompte de l'AFP.
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