La détresse des pêcheurs de Gaza, limités dans leurs déplacements par l'armée israélienne et confrontés au développement de la pisciculture
Puisque l'armée israélienne limite leurs déplacements aux frontières maritimes de Gaza, les pêcheurs peinent à fournir suffisamment de poissons aux habitants. La pisciculture qui s'y développe conforte une situation ubuesque et pas forcément très écologique.
Sous un beau soleil d’hiver, les vagues de la Méditerranée viennent fracasser la jetée et les bateaux à Gaza, l’enclave palestinienne de plus de deux millions d’habitants sous blocus de l’Egypte et d’Israël. Au bout du chenal, dans son échoppe de parpaings et de tôles, Maher vend du café chaud et des cacahuètes, et il trouve que la pèche est beaucoup moins bonne. "C'est clair, soupire-t-il. Il y a cinq-sept ans, les poissons faisaient la taille de mon bras, de très beaux poissons ! Mais maintenant tu n'as que des poissons bien petits..."
Le périmètre de pêche a été réduit
Keffieh rouge et blanc autour du cou et bonnet Top Gun sur la tête, Hassan Baker a vu la situation se dégrader. A 55 ans, dont plus de quarante en mer, le patron pêcheur et son équipage reprisent les filets de pêche. L’armée israélienne contrôle les frontières terrestres et maritimes de Gaza, limitant les déplacements des pêcheurs depuis la guerre entre Israël et le Hamas à l’été 2014.
"La distance de pêche n'est plus comme dans le passé, explique-t-il. Maintenant, tu peux juste aller à 16 kilomètres. Mais parfois, à 16 kilomètres, la marine israélienne nous tire dessus et nous ordonne de revenir à cinq kilomètres ! Donc je dois me débrouiller avec ça..."
"J'ai mon filet qui est prêt, mais l'armée peut me l'abîmer : c'est une vraie perte pour moi. Mon travail suffit juste à payer les réparations matérielles et ensuite il ne reste plus grand chose pour nourrir mes enfants."
Hassan Bakerà franceinfo
Il y a sept ans, tout cela a donné une idée à la famille El Adj, propriétaire de supermarchés. "A cause du manque de poisson à Gaza, nous avons décidé de nous lancer dans ce projet d’élevage de poissons, indique Ahmad, 23 ans, le fils du fondateur. Nous achetons les oeufs en Israël... On les importe !"
Avec 28 bassins et 70 employés, ils produisent 300 tonnes par an. Ironie : les deux fermes sont juste au bord de la mer. "On consomme pour 45 000 euros d’électricité par mois, c’est beaucoup ! Avant on utilisait des générateurs au fuel mais aujourd’hui on préfère les panneaux solaires, meilleurs pour l’environnement..." 60% de la production de la ferme est réexportée vers Israël et la Cisjordanie.
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