Violences contre les humanitaires : "Il y a une forme d'impunité", déplore Jean-François Corty, vice-président de Médecins du Monde
"Il y a une forme d'impunité, un manque de dénonciation de la communauté internationale", déplore lundi 19 août sur franceinfo Jean-François Corty, vice-président de Médecins du Monde. Quelque 280 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde en 2023, un record nourri par la guerre à Gaza. "Ce qu'on constate, c'est qu'il y a une augmentation régulière depuis ces dernières années du nombre d'actes de violence. Les acteurs humanitaires sont des cibles, comme les civils qui payent un lourd tribut", s'indigne aussi Jean-François Corty.
Le médecin dénonce "une forme de banalisation", de "normalisation" des attaques délibérées sur les travailleurs humanitaires, en contradiction avec le droit humanitaire international "constitué à la fin du XIXᵉ siècle". Une tendance qui s'explique, selon Jean-François Corty, par le fait que les "dénonciations de la communauté internationale ne sont pas assez fortes". Il dénonce "une forme d'impunité assez marquée", qui est particulièrement visible dans le conflit israélo-palestinien alors que 160 travailleurs sont morts à Gaza en 2023 et 121 depuis le début de l'année 2024.
"Apporter une part d'humanité dans l'inhumanité"
"Il faut plus de pression pour que les juridictions internationales puissent défendre le droit international humanitaire. Il y a urgence", martèle Jean-François Corty, qui ajoute que "la communauté internationale" ne suit, par exemple, pas les recommandations de la Cour pénale internationale qui souhaite lancer "un mandat d'arrêt international contre des leaders du Hamas et contre des leaders israéliens". "On voit bien que pour de nombreux États, dans les zones de conflit, c'est d'abord les opérations militaires qui priment avant la vie des civils et des aidants, donc il y a urgence à essayer d'inverser la tendance."
Le vice-président de Médecins du Monde souligne également qu'une campagne de "propagande" pour "décrédibiliser les acteurs humanitaires" est en cours ces dernières années, car les travailleurs sont parfois les seuls "témoins de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité" sur le terrain "et ça, les acteurs, les parties prenantes au conflit, ne veulent pas qu'il y en ait trop". Il conclut donc en rappelant le cœur de la mission des ONG humanitaires : "On est ceux qui essayons de sauver des vies, d'apporter une part d'humanité dans l'inhumanité".
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