Nicolas Sarkozy a affirché un certain pessimisme avant le G20 alors qu'il était à Nice avec le président chinois
Nicolas Sarkozy a jugé vendredi devant la presse à Nice "bien difficile" d'être optimiste dans la perspective du G20
Hu Jintao et le président français sont parvenus à une "vraie convergence" sur les objectifs d'une réforme du système monétaire international (SMI). Le chef d'Etat chinois poursuit sa tournée européenne par le Portugal.
La France présidera le G20, le forum des pays les plus industrialisés et des principaux pays émergents, à partir du 12 novembre, pour un an.
La visite de Hu Jintao est "très importante parce qu'à à la veille de la présidence française du G20, il était particulièrement opportun de pouvoir discuter de tous les dossiers internationaux avec le président chinois", a affirmé le président Sarkozy à Nice.
Il a précisé avoir discuté avec son homologue chinois "de la réforme tellement nécessaire de l'ordre monétaire international et de la régulation du prix des matières premières, pour essayer d'avoir un monde plus équilibré, plus stable".
Le président français a rappelé que "le système monétaire international n'a pas changé depuis 1945 et les accords de Bretton Woods. A l'époque, il n'y avait qu'une seule grande économie, les Etats-Unis, et une seule grande monnaie, le dollar", a poursuivi le chef de l'Etat. l'ambition de la France, c'est que tout le monde accepte de se mettre autour de la table pour poser les bases d'un nouveau système qui garantisse la stabilité du monde. C'est ça, plutôt que chacun s'invective, de rassembler tout le monde pour essayer de construire, au fond, le système du XXIè siècle", a-t-il ajouté".
Hu Jintao s'est ensuite envolé, samedi, pour le Portugal où il effectue une visite de deux jours. La Chine souhaite renforcer sa coopération avec le Portugal sur les dossiers internationaux tels que la réforme des Nations Unies où le pays européen a été élu membre non permanent du conseil de sécurité. Lisbonne, de son côté, compte sur l'aide de son invité pour racheter une partie de la dette souveraine.
Les droits de l'homme abordés
Nicolas Sarkozy a affirmé à la presse avoir parlé des droits de l'homme avec son homologue chinois, ajoutant qu'il n'y avait "pas de tabous" sur cette question, vendredi à Nice, au deuxième jour de la visite d'Etat de Hu Jintao en France.
A la question de savoir s'il avait parlé des droits de l'homme avec le président Hu lors des entretiens qu'il a eus avec lui à Paris jeudi, puis à Nice vendredi, le président Sarkozy a répondu: "Bien sûr. Le président Hu Jintao est quelqu'un avec qui on peut parler".
"Il y a beaucoup de différences entre les Chinois et les Français mais nous avons parlé de tous les sujets, il n'y a pas de tabous, notamment sur la question des droits de l'Homme", a-t-il ajouté.
Selon Nicolas Sarkozy, "la question qui se pose est: 'est-ce qu'on a envie de faire avancer les choses ou est-ce qu'on a envie de les faire reculer ?' La France a envie de faire avancer les choses. Pour cela, il faut parler de ces questions, sans tabous", a-t-il insisté. "Nous avons des valeurs à défendre, nous les défendons mais en respectant nos partenaires, en comprenant qu'ils ont une culture différente, qu'ils viennent de plus loin et qu'il faut les encourager vers l'ouverture", a-t-il ajouté.
Alors qu'on lui demandait s'il avait plus particulièrement parlé avec son homologue chinois du dissident Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix, qui purge une peine de onze ans de prison en Chine, M. Sarkozy a simplement répété: "Nous avons parlé de tous les sujets".
Manifestations et interpellations de militants des droits de l'Homme
Alors que le dalaï-lama, chef spirituel en exil de la communauté tibétaine, a réaffirmé samedi au Japon son soutien au dissident chinois Liu Xiaobo, lauréat du prix Nobel de la paix emprisonné en Chine, à Paris, une vingtaine de militants de Reporters sans frontières (RSF) ont crié "Libérez Liu Xiaobo" au passage vendredi à Paris du convoi du président chinois Hu Jintao sur les Champs-Elysées à Paris. Cinq personnes ont été interpellées selon l'ONG. Pendant que la voiture du président chinois approchait de l'Arc de Triomphe, les militants, derrière des barrières métalliques installées le long de l'avenue, ont ouvert des parapluies blancs sur lesquels était inscrit "Libérez Liu Xiaobo" et scandé le même slogan.
Mais la police est aussitôt intervenue, arrachant des mains des militants ces parapluies. Quatre membres de RSF et un militant chinois ont été interpellés, selon l'ONG.
A Nice, une cinquantaine de personnes ont manifesté pour les droits de l'homme en Chine vendredi à Nice, où le président Hu Jintao était attendu dans l'après-midi.
Jeudi, plus de 200 personnes ont manifesté à Paris, près de la Tour Eiffel, au premier jour de la visite de Hu Jintao, pour la défense des droits de l'Homme en Chine et pour réclamer la libération du prix Nobel de la Paix 2010, le dissident Liu Xiaobo, condamné l'an passé à 11 ans de prison pour subversion.
La plupart des manifestants, auxquels s'étaient joints des militants d'Amnesty International, agitaient des drapeaux clandestins du Tibet et du Xinjiang, deux provinces chinoises où Pékin contrôle étroitement les populations tibétaine et ouïghoure. "Il faut que la France s'inspire de l'exemple allemand qui consiste à faire des affaires avec la Chine et en même temps faire connaître ses divergences en matière de politique et diplomatie", a estimé Thupten Gyatso, président de la Communauté tibétaine de France.
Ces derniers temps, des ONG de défense des droits de l'Homme ont reproché à Nicolas Sarkozy d'avoir délibérément omis de féliciter le prix Nobel 2010 de la paix Liu Xiaobao, un dissident chinois emprisonné depuis 2009, pour ne pas froisser son futur invité.
Hu Jintao accueilli à Paris en grande pompe
Le président chinois était arrivé jeudi en France pour une visite d'Etat de trois jours très attendue. Nicolas Sarkozy et son épouse, Carla, ont accueilli à l'aéroport parisien d'Orly le couple présidentiel chinois, une attention particulière qui révèle l'importance que le président français accorde à cette visite espérée depuis un an. En soirée, un dîner d'Etat a été donné en l'honneur de Hu Jintao à l'Elysée.
Cette visite du dirigeant de la deuxième puissance économique du monde revêt un intérêt particulier pour Nicolas Sarkozy qui espère rallier à son credo d'un nouvel monétaire mondial, le dirigeant chinois. Mais elle est aussi censée permettre de mettre fin à la brouille entre les deux pays, notamment grâce aux milliards d'euros de contrats conclus, entre autres pour Airbus et Areva.
Les relations franco-chinoises ont connu une longue période de froid après une rencontre fin 2008 entre Nicolas Sarkozy et le dalaï lama, avant de se réchauffer à la faveur d'une visite du Français à Pékin en avril 2010. "La Chine ne doit pas être vécue comme un risque mais comme une opportunité", a déclaré jeudi le président français à l'issue d'une table ronde sur le thème des transports et l'aménagement du territoire organisée à Troyes (Aube).
Le gouvernement français a décidé de mettre en veilleuse les critiques contre les droits de l'homme dans l'ancien Empire du milieu. Le sort du prix Nobel de la paix, le dissident chinois, Liu Xiaobao, n'est "pas un sujet à aborder entre la Chine et la France", a déclaré de son côté la vice-ministre chinoise des Affaires étrangères, Fu Ying.
Au moins 20 milliards de dollars de contrats
Les premiers entretiens entre les deux dirigeants, jeudi à l'Elysée, ont amené à la signature de premiers accords commerciaux, le tout pour un montant approchant les 20 milliards de dollars. Airbus a signé avec des compagnies chinoises un contrat portant sur 102 appareils (50 A320, 42 A330 et 10 A350) pour un montant total de 14 milliards de dollars. D'autres grands contrats ont été signés par Total et Areva.
Lire:
Hu Jintao détrône Obama, selon Forbes
Le président chinois Hu Jintao se place désormais en tête du classement du magazine Forbes des personnalités les plus puissantes de la planète, détrônant ainsi son homologue américain Barack Obama, victime de la victoire du camp républicain aux élections législatives de mardi.
Forbes indique que le président Hu "exerce un contrôle quasi-dictatorial sur 1,3 milliard de personnes, un cinquième de la population mondiale". "Contrairement à ses homologues occidentaux, Hu peut détourner des rivières, construire des villes, mettre en prison des dissidents et censurer internet sans ingérence des bureaucrates agaçants ou des tribunaux", assure le magazine.
De son côté, le président Obama vient de subir "une sorte de défaite" avec la victoire du camp républicain aux élections de mi-mandat, estime encore le magazine, propriété du milliardaire Steve Forbes, ancien candidat républicain à la présidentielle américaine.
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