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Palestine : dix sept ans après la mort de Yasser Arafat, la fabrique Herbawi continue d'exporter des milliers de keffiehs à travers le monde

Il y a dix sept ans mourrait Yasser Arafat. Son emblème, le keffieh, reste encore aujourd'hui un symbole politique et dans cette fabrique d'Hebron, on exporte 70% de la production à l'étranger. 

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau
Radio France
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Abdel Azim Herbawi devant l'une de ses machines. (FREDERIC METEZEAU / RADIO FRANCE)

Dans le vacarme mécanique de la fabrique Herbawi, à Hebron, en Cisjordanie, Abdel Azim Herbawi passe d'un métier à tisser à l'autre. Les énormes bobines de fil, achetées en Egypte, en Inde ou en Chine, sont de toutes les couleurs et chaque machine produit un type de keffiehs qui change de teinte ou de motifs. Dix sept ans après la mort de Yasser Arafat, le 11 novembre 2004 à Clamart près de Paris, le leader palestinien avait popularisé dans le monde entier le keffieh, cette coiffe traditionnelle des bergers et des paysans du Moyen-Orient.

Les machines de la fabrique produisent des keffiehs de toutes sortes mais c'est le modèle de Yasser Arafat qui se vend le mieux. (FREDERIC METEZEAU / RADIO FRANCE)

Le keffieh est même devenu le symbole de la Palestine et parfois un emblème révolutionnaire. Pourtant, en Palestine l'usine d'Abdel Azim Herbawi est la dernière usine textile à fabriquer des keffiehs. Une affaire familiale qui emploie 16 personnes à Hébron en Cisjordanie. "Les plupart des couleurs sont plutôt dictées par la mode mais elles représentent aussi nos villes : Gaza, Jerusalem, Ramallah, Hebron,  Naplouse, Bethleem", explique Abdel Azim Herbawi. "Les keffieh sont aussi ceux des pays : le rouge en Arabie Saoudite et en Jordanie et noir et blanc à petits carrés c'est au Kurdistan et en Irak", poursuit-il.

"Le keffieh d'Arafat représente 70 à 80% des ventes"

Le responsable de l'usine montre une autre tissu en noir et blanc, avec des losanges porté partout dans le monde. "Le keffieh d'Arafat, le symbole du peuple palestinien", dit Abdel Azim Herbawi. C'est celui qui se vend le mieux selon lui :"ça représente 70 à 80% des ventes, c’est le numéro un, le keffieh palestinien." Les photos d'Arafat et le drapeaux palestiniens sont partout dans l'usine. Abdel Azim Herbawi en raconte l'histoire. Celle de son père commerçant qui achète sa première machine en 1961 : il en possède aujourd'hui 24. Trois de ses cinq fils sont toujours aux commandes et emploient huit ouvriers sur les machines et huit couturières.

La fabrique Herbawi est la dernière du genre en Palestine. Les autres ont fermé faute d'employés spécialisés et aussi à cause de la concurrence. Ici un keffieh coûte une douzaine d'euros, ceux importés de Chine à peine sept. La maison exporte 70% de sa production à l'étranger. "Je vends 6 000 à 7 000 keffiehs par an", assure-t-il. Autour d'un thé à la menthe, M. Herbawi raconte qu'il a attendu 49 ans avant de diversifier sa production avec des masques anti Covid aux couleurs du keffieh de Yasser Arafat.

17 ans après la mort de Yasser Arafat, le keffieh reste un signe de ralliement - Reportage de Frédéric Métézeau

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