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Les Yazidis d'Irak, minorité kurdophone en péril

Alors que dans le nord de l’Irak, les forces kurdes affrontent les djihadistes de l’EI, ces derniers se sont emparés, le 3 août 2014, de la ville irakienne de Sinjar, située à 50 km de la frontière syrienne. C’est aussi le foyer historique des Yazidis, une communauté kurdophone de plus en plus réduite, et cible des djihadistes qui l'accusent d'adorer le diable.
Article rédigé par Dominique Cettour-Rose
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des membres de la communauté yazidie, une minorité religieuse de la région du Kurdistan irakien, lors de la célébration de leur Nouvel an, le 18 avril 2006 près de Dohouk, à 430 km au nord-ouest de Bagdad, en Irak.  (SAFIN HAMED / AFP)

L’attaque de Sinjar par les djihadistes de l’Etat islamique (EI) a mis un peu plus en péril l’existence des Yazidis, une minorité religieuse kurdophone très fermée et depuis longtemps vulnérable. Durant les quarante-huit heures qui ont suivi la fulgurante offensive de l'EI et d'autres insurgés sunnites, 40 enfants de cette petite communauté sont «morts des suites directes de la violence, des déplacements et de déshydratation», d’après l’Unicef. 

Une députée représentant la communauté yazidie au Parlement irakien, Vian Dakhil, a tiré la sonnette d'alarme. «Nous sommes massacrés, notre religion est en train d'être rayée de la surface de la terre. Je vous en supplie au nom de l'humanité», a lancé l'élue en interpellant le gouvernement irakien, lui rappelant que «30 000 familles sont assiégées dans les montagnes de Sinjar, sans eau, ni nourriture». «Ces gens se battent pour leur vie dans les montagnes», a expliqué Khodhr Domli, un militant des droits des Yazidis .«Ils sont en danger mortel, l'ensemble de la communauté est en danger mortel».

Adorateurs du diable
Si une partie de la population yazidie s'est réfugiée dans les montagnes de Sinjar c'est parce que c'est là, croient-ils, que l'Arche de Noé s'est échouée. Adeptes d'une religion pré-islamique en partie issue du zoroastrisme, les Yazidis considèrent notamment le diable comme le chef des anges qu'ils représentent par le paon, ce qui leur vaut d'être qualifiés d'«adorateurs du diable».

Ni arabes, ni musulmans, les Yazidis d'Irak sont estimés entre 100.000 et 600.000. Des milliers de familles de cette communauté ont fui l'Irak en raison de persécutions sous Saddam Hussein, pour rejoindre en particulier l'Allemagne. Selon un diplomate turc sous couvert d'anonymat, environ 400 Yazidis d'Irak se sont réfugiés en Turquie depuis la prise de Sinjar. La Turquie abrite à Batman et Viransehir, deux villes du sud-est anatolien peuplées majoritairement de Kurdes, une toute petite communauté de Yazidis, à peu près 500 personnes, libres d'exercer leur culte.

Exode massif 
Le drame humanitaire qui se joue à Sinjarsous une chaleur accablante, touche, outre les Yazidis, les chrétiens mais aussi des milliers de déplacés turcomans chiites ayant fui devant l’avancée des insurgés sunnites dans la région ces dernières semaines. Sans corridor humanitaire, difficile de faire parvenir de l'eau et des vivres aux 200.000 civils, selon l'Onu, pris au piège dans les montagnes désertiques où se sont également réfugiés des peshmergas de l'armée du Kurdistan qui défendaient Sinjar aux côtés des forces irakiennes.

Les djihadistes s'étaient auparavant emparés de la localité de Zoumar, de petits champs pétroliers et de Rabia, un poste-frontière entre la Syrie et l'Irak. A Sinjar, les Kurdes (irakiens, syriens et turcs) tentent de s'unir face aux combattants djihadistes d'EI qui ont décrété un «califat» sur les territoires irakiens qu'ils contrôlent depuis leur offensive de juin.

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