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Irak : les Yézidis ont peur de retourner chez eux à Sinjar libérée de Daech

Le site ARA news, composé de journalistes indépendants, syriens et irakiens, constate que la population yézidie ne retourne pas vivre dans sa région, libérée des hommes de Daech depuis la fin de l’année 2015. En fait, selon les journalistes, les Yézidis craignent le retour potentiel des djihadistes. De plus, les destructions massives des infrastructures ne facilitent pas le retour des familles.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les Yézidis en quittant Sinjar se sont réfugiés dans la montagne où ils vivent encore. (Noe Falk Nielsen / NurPhoto)

Sinjar a été reprise le 13 novembre 2015 par les Peshmergas kurdes et leurs alliés locaux. Pourtant, le fantôme de Daech y plane toujours. Au point que les habitants, qui ont fui la ville lors de l’arrivée des islamistes en 2014, préfèrent rester vivre dans les camps de réfugiés installés en territoire kurde.
 
Le traumatisme de la fuite éperdue, souvent à pied dans la montagne, devant l’avancée de l’EI en août 2014, puis les exactions contre les populations yézidies dans les villages de la région, sont encore dans tous les esprits.
 
Tristes souvenirs
On ne dispose pas d’un bilan très précis des meurtres commis par les djihadistes. 400.000 habitants avaient fui vers Erbil et Duhok. Des dizaines de milliers d’autres, moins chanceux, s’étaient retrouvés bloqués dans le mont Sinjar. Les massacres de masse contre la population, les enlèvements de jeunes femmes pour servir d’esclaves sexuelles, avait poussé la communauté internationale à armer les combattants kurdes, puis à bombarder les positions de Daech.

 
Les journalistes d’ARA News ont rencontré Shaban Khalaf, un réfugié qui vit dans le camp de Bajdkandala près de Zakho au Kurdistan irakien. Son explication du peu d’empressement de ses compatriotes à rentrer est simple. «Une des raisons du non retour des Yézidis est la présence de Daech dans les régions voisines. Leurs positions ne sont pas très éloignées de Sinjar.» Et il ajoute : «Qui sait ? Daech peut lancer une attaque surprise sur notre région. D’autant que les combats continuent contre les terroristes au sud de Sinjar.»
 
L’autre problème : les destructions
La région de Sinjar a durement souffert des combats lors de la reprise de la ville. Les infrastructures, mais aussi les habitations ont été régulièrement bombardées. Sans ces infrastructures, la vie est impossible à Sinjar. Les maisons sont souvent endommagées. Certaines ont été pillées. Enfin, des engins explosifs de tous types, mines, pièges et obus traînent un peu partout.

Pour une grande partie de la population, le retour au pays ne pourra se faire que sous la protection et l’aide de la communauté internationale. 

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