Irak: le pouvoir suspend dix chaînes satellitaires dont al-Jazeera
A l’origine de l’interdiction, la couverture des violences qui ont fait, entre le 23 et le 28 avril, plus de 220 morts et 300 blessés dans le nord du pays. Un assaut lancé par les forces de sécurité irakiennes contre des manifestants sunnites a mis le feu aux poudres. Les protestataires défilaient pour demander le départ du Premier ministre chiite, Nouri al-Maliki. Ils l'accusent de marginaliser leur communauté.
Selon l'Autorité irakienne des médias et des communications, la très influente télévision qatarie, al-Jazeera, figure parmi les chaînes interdites d'émission. Tout comme les télévisions locales émettant à l’étranger, al-sharqiya, Baghdad et al-Fallujah, critiques vis-à-vis du gouvernement à majorité chiite. Les autres émettent localement. Toutes, sauf une, ont des bailleurs de fonds sunnites, selon des informations du New York Times.
Avec cette mesure, destinée selon le gouvernement de Bagdad à faire baisser les tensions entre sunnites et chiites, les équipes des médias concernés ne pourront «couvrir les événements en Irak ou circuler» dans le pays.
Ce n'est pas la première fois qu’al-Jazeera est suspendue en Irak, ni que le conflit entre sunnites et chiites, respectivement 34 et 66% de la population (dernier recensement de 1997), se répercutent sur les ondes.
Les événements vus par al-Jazeera
Sur son site, l’autorité des communications justifie sa décision en raison d’informations «erronées et exagérées» que ces chaînes véhiculeraient. Ainsi que la promotion qu’elles feraient «d'organisations terroristes bannies qui ont commis des crimes contre le peuple irakien».
«Nous sommes étonnés (...) nous couvrons toutes les parties en Irak, et nous appelons les autorités à maintenir la liberté des médias», a réagi un porte-parole d’al-Jazeera. La chaîne, qui accorde souvent l'antenne aux détracteurs de Nouri al-Maliki, fait grincer les dents de ses soutiens. Ces derniers accusent le Qatar (à majorité sunnite) d'appuyer les manifestations anti-gouvernementales.
Alors que la colère de milliers d'Irakiens sunnites gronde depuis décembre 2012, le spectre d'une nouvelle guerre civile inquiète Bagdad. Le conflit confessionnel ayant suivi l'invasion américaine en 2003 avait fait plusieurs dizaines de milliers de morts, notamment en 2006-2007.
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