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Des milliers de djihadistes défaits en route pour le Sahel et le Maghreb

Ils seraient entre 2000 et 2500 combattants dans les rangs de l’Etat Islamique à avoir déjà rejoint l’Afrique après avoir déserté leurs postes. Plusieurs milliers d’autres convergent vers le Sahel et le Maghreb, donnant des sueurs froides aux services de sécurité dans la région. Ces combattants pourraient chercher à implanter de nouvelles bases sur le continent.
Article rédigé par Martin Mateso
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un commando tunisien en action au cours d’un exercice de simulation d’une attaque terroriste, le 6 décembre 2016. (Photo AFP/Eric Lalmand/Belga Photo)

Selon le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union africaine, Smaïl Chergui, un certain nombre de terroristes armés en provenance du Yémen sont déjà arrivés en Somalie. De nombreux djihadistes étrangers en déroute désertent massivement les rangs de Daech en Syrie et en Irak pour regagner leurs pays d’origine.
 
«Nous enregistrons aujourd’hui l’élargissement du champ d’action des groupes terroristes au nord du Mali et dans des pays du voisinage, mais l’arrivée des éléments terroristes armés étrangers dans la région du Sahel complique davantage la situation», a-t-il averti, lors de la réunion annuelle du Centre africain d’études et de recherche sur le terrorisme (CAERT) qui s'est tenue en décembre 2016 en Algerie.
 
La Tunisie, le plus gros contingent de djihadistes
A elle seule, la Tunisie compterait plus de 6500 volontaires engagés dans les rangs du groupe terroriste, dont 5000 en Syrie. Certains rentrent déjà dans leur pays incognito pour se fondre dans la population. Un véritable casse-tête pour les autorités tunisiennes.
 
«Nombre d’entre eux veulent rentrer, on ne peut pas empêcher un Tunisien de revenir dans son pays, c’est la Constitution. Mais évidemment nous n’allons pas les accueillir à bras ouverts. Nous allons être vigilants»,  a expliqué à l’AFP le président tunisien Béji Caïd Essebsi. Il a assuré que «les djihadistes tunisiens rentrant de Syrie, de Libye ou d’Irak seront neutralisés et chacun sera traité en fonction de ses actes».
 
La loi tunisienne relative à la lutte contre le terrorisme prévoit des peines d’emprisonnement à vie ou pour une période déterminée, des amendes, ou la peine de mort pour «les revenants», comme on les appelle là-bas.
 
Des Tunisiens et des touristes se recueillent en mémoire des victimes de l'attentat djihadiste du 3 juillet 2015 contre un Hôtel dans le sud deTunis. (Photo AFP/Fethi Belaid)

Le Maroc mène une répression féroce
Le Maroc est aussi concerné par cette déferlante. De nombreux combattants marocains seraient morts sur le front du djihad, mais quelque 500 rescapés chercheraient à rejoindre leur pays, selon Slate qui cite des sources marocaines.
 
Le Maroc attend donc de pied ferme leur retour. Comme le souligne le site, la police marocaine est l’une de celles qui, dans le monde arabe «mène la répression la plus féroce contre les cellules et réseaux islamistes régulièrement démantelés et contre les militants djihadistes qui rentrent du front ou aspirent à le rejoindre».
 
Le Sénégal prône une lutte sans merci
Au sud du Sahara, le Sénégal prend aussi ses dispositions face à la menace. Le président sénégalais, Macky Sall, a reconnu que plusieurs de ses compatriotes avaient rejoint les bastions de l’Etat islamique en Syrie et en Irak en passant par la Turquie. D’autres se sont engagés dans des groupes terroristes au Nigeria et en Libye, selon la presse sénégalaise.
 
Le retour des uns et des autres pourraient conduire à des drames dans le pays, a prévenu le chef de l’Etat sénégalais qui prône une lutte sans merci contre ce danger.
 
«Nous avons engagé ce travail et nous allons le poursuivre sur tous les fronts. Le Sénégal est concerné par les jeunes venus de Libye. D’autres sont rentrés et ont été arrêtés au Niger avec des interactions avec Boko Haram», a-t-il indiqué.
 
Le Sénégal préconise l’institutionnalisation d’une carte d’identité biométrique sur l’ensemble du continent, afin que les passages aux frontières soient mieux maîtrisés et les échanges entre services, plus performants. Plusieurs personnes accusées de djihadisme sont en détention préventive à Dakar.

Des secouristes portent une victime d'un attentat à la voiture piegée perpétré par les shebabs, le 26 novembre 2016 à Mogadiscio. (Photo AFP Mohamed Abdiwahab)

Le Sahel réclame plus de moyens à ses partenaires
Face à la menace, le groupe du G5 Sahel qui regroupe le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Mali et la Mauritanie réclame de l’aide à ses partenaires. Une enveloppe de 10 milliards d’euros pour sa stratégie globale de défense et de développement.
 
«Aucun Etat du Sahel, dont les pays sont immenses par leurs étendues, ne peut faire face individuellement à cette menace terroriste», souligne Najim Elhadj Mohamed, Secrétaire permanent du G5 Sahel.
 
Les experts sont unanimes, c’est un problème qui va durer des années. Pour eux, la dissémination de ces terroristes dans leurs pays d’origine fait planer une menace plus lourde encore. Celle de voir ces djihadistes exporter dans de nombreux pays leurs maquis et leur idéologie radicale.

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