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Attentats du 11-Septembre: le Congrès américain rejette le véto d’Obama sur Ryad

Le Congrès américain a infligé un sévère camouflet à Barack Obama en rejetant son veto sur une loi autorisant les proches de victimes du 11-Septembre à poursuivre l'Arabie saoudite. Le président y voit un «dangereux précédent».
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Obama veut une réaction américaine aux interventions de Poutine dans la campagne électorale (Afp/ )

Une première. La loi baptisée Jasta (Justice Against Sponsors of Terrorism Act) va entrer en vigueur malgré le veto du président américain Barack Obama. La Chambre des représentants s'est prononcée contre le veto présidentiel par 348 voix contre 76 tandis que le Sénat avait fait de même auparavant par 97 voix contre une, celle du chef de la minorité démocrate au Sénat Harry Reid. C'est la première fois que le Congrès annule un veto présidentiel de Barack Obama (il en a fait usage à douze reprises) qui subit là un important revers politique, à quatre mois de la fin de son mandat.

 
Risque de réciprocité
La loi autorise les proches de victimes du 11-Septembre à poursuivre l'Arabie  saoudite. «C'est une erreur», a réagi Barack Obama, dénonçant sur CNN un «vote politique» de parlementaires qui jouent pour beaucoup leur réélection le 8  novembre. Pour le président américain, ce texte affaiblirait le principe d'immunité qui protège les Etats (et leurs diplomates) de poursuites judiciaires et risquerait, par un effet boomerang, d'exposer les Etats-Unis à des poursuites devant divers tribunaux à travers le monde. «Si nous supprimons la notion d'immunité souveraine, alors nos hommes et femmes en uniforme à travers le monde pourront se retrouver soumis eux-mêmes à des (poursuites)», explique le président américain.   


Quinze des 19 pirates de l'air étaient saoudiens
Des familles de victimes militaient pour l'adoption de cette loi depuis quinze ans. Elle garantit une exception au principe juridique d'immunité souveraine qui les empêchait jusqu'alors de réclamer des dommages au gouvernement saoudien. Cette exception est accordée par la loi en cas d'attentat sur le sol américain. Le royaume wahhabite est depuis longtemps soupçonné d'avoir apporté un soutien aux pirates de l'air ayant perpétré les attentats contre les tours jumelles du World Trade Center et le Pentagone, faisant près de 3.000 morts. Ryad rejette ces suspicions. Quinze des 19 pirates de l'air étaient saoudiens.
 
Silence de Ryad
Ryad n'a pas réagi officiellement. Le royaume de Bahreïn, proche allié de  l'Arabie saoudite, ne décolère pas. Cette loi «est une flèche décochée par le Congrès américain sur son propre pays. N'y-a-t-il pas des hommes sensés parmi vous?», s’énerve le ministre des Affaires étrangères, Khaled ben Ahmed al-Khalifa, dans un tweet rageur. «La loi de l'injustice», titre le quotidien saoudien Okaz.

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