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Maxime, 22 ans, djihadiste et bourreau de Daech

Une enquête pour assassinat en bande organisée visant deux Français a été ouverte. Elle vise notamment Maxime Hauchard, un jeune Normand. Qui est ce jeune homme de 22 ans parti faire le djihad ?
Article rédigé par Delphine Gotchaux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
  (L'homme qui pourrait serait Maxime Hauchard, dans une vidéo de Daech. © Capture d'écran)

Comment Maxime Hauchard est-il devenu Abu Abdallah Al Faransi, bourreau présumé de Daech ? Rien ne semblait prédestiner ce jeune Normand de 22 ans à rejoindre les rangs de l'organisation terroriste de l'Etat islamique. Originaire d'une petite commune de Normandie, Bosc Roger en Roumois, il est issu d'une famille catholique, "une famille sans histoire " témoignent des habitants.

Dans ce village d'environ 2.000 personnes, c'est la stupeur. "Je le voyais travailler avec sa mère et son père. C'est une bonne famille. Il était soi-disant parti faire de l'humanitaire ", raconte Jeanine, une voisine. "Ça fait quatre ans qu'on le voyait avec sa barbe et sa djellaba, mais il ne faisait pas de mal. Il travaillait à la pizzeria ", poursuit-elle.

"Il était soi-disant parti faire de l'humanitaire" (Une voisine)
"C'est une famille comme on aimerait en avoir plus dans la commune ", confirme le maire de Bosc Roger en Roumois, Philippe Vanheule. "Si des réseaux extrémistes comme ceux-là parviennent à séduire des jeunes dans des villages comme le nôtre, il faut qu'on soit attentifs en tant qu'élus et en tant que parents ."

"Il faut qu'on soit attentifs en tant qu'élus et en tant que parents" (Le maire du village)
Cela ne fait qu'un peu plus d'un an que Maxime Hauchard est parti en Syrie. Il s'est auto-radicalisé à l'âge de 17 ans. Tout seul, en regardant des vidéos sur YouTube raconte-t-il dans une interview donnée par Skype à nos confrères de BFM TV en juillet dernier. "Les gens pensent tous qu'il y a une sorte de gourou qui met des choses dans la tête , avait-il alors expliqué à nos confrères, visage découvert et posant devant un drapeau de l'état islamique. Mais non, je n'ai rencontré personne je suis parti seul en Syrie. "

Maxime aurait rejoint les rangs de l'organisation terroriste il y a quinze mois, avant de faire un stage dans un camp d'entrainement. En juillet, il expliquait avec des mots glaçants : "Attendre la mort avec joie, la plus grande récompense c'est le martyr ".

Selon nos informations, avant son départ en Syrie le 17 août 2013, "Maxime était déjà sous la surveillance du renseignement français ", ainsi qu'un autre jeune de son village, prénommé Jérôme, compagnon de djihad âgé de 25 ans, lui aussi actuellement en Syrie. Avant de partir en Syrie via la Turquie, Maxime a passé huit mois en Mauritanie, d'octobre 2012 à mai 2013. Puis retour en France avant son départ à l'été.

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En fin de journée, François Molins, le procureur de la République de Paris, a expliqué qu'une enquête pour "assassinat en bande organisée " avait été ouverte. Elle vise deux Français. Maxime Hauchard donc, et une deuxième personne. François Molins a évoqué la présence d'un second Français sur les images. Une présence possible mais qui reste à confirmer selon François Molins qui parle d'un "jeune converti né en 1992 ". 

Maxime, dont le nom a été dévoilé ce lundi par le ministre de l'Intérieur, et son comparse font l'objet d'un mandat de recherche, pas d'un mandat d'arrêt international. Le mandat de recherche permet notamment de placer quelqu'un en garde à vue.Toujours selon François Molins, la dérive de Maxime Hauchard est "loin d'être un cas isolé ".

93 procédures judiciaires ouvertes

Selon François Molins, 93 procédures judiciaires ont été ouvertes à ce jour par le parquet antiterroriste de Paris en lien avec la Syrie et plus de 600 signalements ont été recensés par la plateforme mise en place fin avril par le gouvernement.

Toujours selon le procureur de la République de Paris, 376 ressortissants français sont présents en Syrie et en Irak dont au moins 88 femmes et dix mineurs. Par ailleurs, quelque 1.132 Français sont impliqués dans des filières djihadistes.  

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