Macédoine : 20.000 manifestants réclament la démission du gouvernement

Des milliers de manifestants se sont rassemblés à Skopje, capitale de la Macédoine, pour demander la démission du Premier ministre Nikola Grouevski. La colère croit dans le pays : le rassemblement de dimanche a mobilisé davantage de personnes que ceux de la semaine, avec 20.000 protestataires. La police empêche les Macédoniens venu des régions d'accéder à la capitale. "Il faut s'attendre à ce que le nombre de manifestants augmente encore" , explique Laurent Rouy, sur place pour France Info.

Au pouvoir depuis neuf ans, le chef du gouvernement nationaliste conservateur est impliqué dans un scandale d'écoutes illégales. Le pays subit sa plus grave crise politique depuis 2001. Tentant d'endiguer la contestation croissante, Nikola Grouevski a procédé récemment au limogeage de sa ministre de l'Intérieur et du chef des services de contre-espionnage.

Des mesures qui risquent d’être inutiles face à la colère des manifestants : ils promettent de rester jusqu’à la démission du Premier ministre, comme l'a demandé également le chef de l'opposition. Une solution que refuse pour l’instant d’envisager Nikola Grouevski.

En fin de journée, dimanche, une centaine de manifestants restaient postés à proximité du bâtiment gouvernemental afin de maintenir la pression sur le gouvernement.

Ecoutes illégales 

En février, le leader de l’opposition sociale-démocrate Zoran Zaev a transmis des enregistrements réalisés par le gouvernement et présentés comme illégaux. Ces écoutes révèlent un contrôle étroit exercé par les autorités sur des journalistes, des magistrats et des procédures électorales. "Ces écoutes sont catastrophiques pour le gouvernement car elles montrent l'ampleur de la corruption qui sévit dans le pays" , analyse Laurent Rouy.

Grouevski n'a pas nié l'exactitude du contenu de ces enregistrements mais a réfuté les avoir commandités, accusant des services secrets occidentaux.

Le rassemblement de dimanche intervient une semaine après de violents affrontements entre forces de l'ordre macédoniennes et un commando d'origine albanaise, qui ont fait 18 morts dont huit policiers à Kumanovo (nord). Ces violences ont fait craindre un conflit similaire à 2001, lorsqu'une guérilla albanaise s'était rebellée contre les autorités pour réclamer davantage de droits pour sa minorité. Cette fois cependant, toutes les minorités manifestent ensemble pour demander la démission du gouvernement.