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Les dirigeants de la contestation ont mis en place dimanche un "Conseil national" de transition

Le conseil est "le visage de la Libye pendant la période de transition", a indiqué Abdelhafez Ghoqa, porte-parole de cette structure, ajoutant que les consultations se poursuivent sur la composition et la fonction de cet organe.Plusieurs villes de l'ouest "aux mains du peuple" "préparent une marche" pour libérer Tripoli.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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L'ancien drapeau lybien brandi comme symbole contre le régime de Mouammar Kadhafi (25/02/2011) (AFP/MARCO LONGARI)

Le conseil est "le visage de la Libye pendant la période de transition", a indiqué Abdelhafez Ghoqa, porte-parole de cette structure, ajoutant que les consultations se poursuivent sur la composition et la fonction de cet organe.

Plusieurs villes de l'ouest "aux mains du peuple" "préparent une marche" pour libérer Tripoli.

C'est ce qu'a indiqué dimanche un dignitaire membre du comité révolutionnaire de la ville de Nalout. Cette ville, située à 60 km de la Tunisie, désertée par la police et les militaires, est gérée par une dizaine de dignitaires réunis au sein d'un comité révolutionnaire, a constaté l'AFP.

"Les villes de Al-Rhibat, Kabaw, Jado, Rogban, Zentan, Yefren, Kekla, Gherien, Hawamed sont également libérées depuis plusieurs jours", indique l'un d'eux, Chaban Abu Sitta, avocat, dont les propos ont été confirmés par les autres responsables.

"Nous nous plaçons sous l'autorité du gouvernement intérimaire de Benghazi (est). Avec toutes les villes libérées de la montagne du Djebel Nafusa et celles qui se trouvent de l'autre côté de la montagne, nous préparons les forces pour marcher sur Tripoli et libérer la capitale du joug de Kadhafi", a ajouté ce responsable.

"Nous nous plaçons sous l'autorité du gouvernement intérimaire de Benghazi (est). Avec toutes les villes libérées de la montagne du Djebel Nafusa et celles qui se trouvent de l'autre côté de la montagne, nous préparons les forces pour marcher sur Tripoli et libérer la capitale du joug de Kadhafi", a ajouté ce responsable.

Les habitants de Nalout ont raconté que la ville s'était libérée sans bain de sang et que les forces de l'ordre s'étaient retirées après un accord avec la population.

L'ancien ministre de la Justice, Moustapha Abdeljalil, a insisté, lui, samedi sur "l'unité du territoire national et sur le fait que la Libye est libre et que sa capitale est Tripoli".

La secrétaire d'Etat américain Hillary Clinton a déclaré que les Etats-Unis "sont prêts à offrir toute forme d'aide" aux opposants du régime de Mouammar Kadhafi "que quiconque pourrait souhaiter"


Intervention du fils Kadhafi
Seif Al-Islam, fils de Mouammar Kadhafi, a estimé que la situation était "excellente" dans les trois-quarts du pays, tout en reconnaissant qu'il y avait une "volonté intérieure de changement", dans une interview samedi à la chaîne Al-Arabiya.

"La situation dans les trois-quarts du pays, soit la moitié de la population, est normale (...) excellente", a-t-il assuré dans cette interview. Dans un entretien accordé parallèlement à l'AFP, il s'est dit confiant, la situation va "se calmer".

"L'incitation vient de l'étranger même s'il y a une volonté intérieure de changement", a cependant reconnu Seif al-Islam, souvent présenté jusqu'au début de la révolte comme le futur successeur de son père. "Les gens ont été manipulés par des forces extérieures, l'incitation est venue de l'extérieur depuis le début, sur Facebook, les SMS, les emails, tout est venu de l'extérieur", a-t-il ajouté à Al-Arabiya.

"Les mercenaires c'est un mensonge. Il n'y a pas de mercenaires. Les informations sur les bombardements aériens aussi c'est du mensonge", a-t-il dit en référence aux mercenaires, notamment africains, à la solde du régime qui, selon des témoins, auraient été envoyés pour mater la révolte.

A la question de savoir si les forces de l'ordre avaient tiré sur les civils, il a indiqué qu'"il y a eu des morts parce que les soldats ne sont pas habitués à gérer des révoltes".

Seif al-Islam a également évoqué les réformes envisagées par le régime dont avait parlé le colonel Kadhafi ces derniers jours, notamment l'instauration de "gouvernements locaux", affirmant que la Libye "ne peut être gouvernée par un gouvernement central, par une seule ville ou par une seule personne".

Des milliers de morts dans tout le pays

Le nombre de morts en Libye se compte par milliers et non par centaines, a affirmé vendredi l'ambassadeur adjoint de la mission libyenne à l'ONU, Ibrahim Dabbashi.

Des affrontements, qui ont fait des victimes, ont eu lieu vendredi dans plusieurs quartiers de Tripoli, la capitale libyenne, à l'est et à l'ouest. "Ils tirent sur des civils sans armes qui sortent de la prière", a déclaré un habitant du quartier résidentiel de Ben Achour (est). Des forces de police et des "milices pro-régime" se sont déployées autour de certaines mosquées de la capitale pour empêcher les manifestations, selon des témoins.

A Tobrouk, dans l'est, une manifestation a réuni un millier de personnes. Les manifestants brandissaient des drapeaux de la monarchie libyenne du roi Idriss Senoussi (renversé par Kadhafi en 1959) qui s'est imposé comme un symbole de l'insurrection. "Libye libre, Kadhafi dehors", "Le peuple veut la chute du régime", ont-ils lancé.

Musratha, troisième ville du pays, à quelque 150 km à l'est de Tripoli, a été désertée par les partisans de la dictature. Des affrontements ont eu lieu sur une base aérienne située à proximité qui ont fait de nombreux morts, selon un habitant cité par l'AFP. De violents combats meurtriers avaient opposé ces derniers jours à Musratha partisans du régime "appuyés par des mercenaires africains" et manifestants, selon plusieurs témoignages.

A l'ouest de Tripoli, dans la ville de Zawiyah (60 km), des "terroristes" ont égorgé plusieurs soldats, selon l'agence officielle Jana, alors que selon le journal libyen Quryna basé à Benghazi, 23 personnes ont été tuées dans l'assaut des forces de sécurité contre la ville. Le porte-parole de la Ligue libyenne des droits de l'homme a indiqué de son côté que ces combats avaient fait "plus de 35 morts, peut-être même 50".

La pression diplomatique s'accentue

gelant les avoirs et bloquant les biens aux Etats-Unis du colonel Kadhafi. Les services de renseignement américains sont à la recherche de preuves de "violences" et "d'exactions" commises contre le peuple libyen par le régime du colonel Mouammar Kadhafi, a par ailleurs indiqué vendredi la Maison Blanche.

Mouammar Kadhafi doit quitter le pouvoir immédiatement en Libye, a déclaré samedi le président américain Barack Obama lors d'un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel.

"Le président a déclaré que lorsque le seul moyen de rester au pouvoir pour un dirigeant consistait à exercer une violence massive contre son propre peuple, il avait perdu la légitimité pour gouverner et devait faire ce qui est juste pour son pays en se retirant immédiatement", a déclaré la Maison blanche.

Barack Obama et Angela Merkel ont convenu que le gouvernement de Mouammar Kadhafi "doit être tenu responsable" de la situation en Libye, où le régime tente de mater par la force un soulèvement populaire.

. Un projet de résolution évoque des sanctions telles qu'un embargo sur les armes, un autre embargo sur les voyages du colonel Kadhafi et un gel de ses avoirs, selon des diplomates.

Les pays de l'Union européenne et l'OTAN se préparaient par ailleurs à mettre en place une zone d'exclusion aérienne en Libye pour interdire aux avions militaires libyens de voler, si l'ONU donnait son feu vert, selon un diplomate.

Les 47 membres du Conseil des droits de l'homme de l'Onu devaient se prononcer de leur côté sur un projet de résolution réclamant la suspension de la Libye de l'organisation dont Tripoli était membre depuis mai 2010.

, demandant aux opérateurs d'observer une vigilence toute particulière concernant les échanges avec la Lybie.

Les ambassadeurs de Libye en France et auprès de l'UNESCO ont démissionné. Les deux diplomates avaient déjà fait savoir mardi qu'ils étaient "avec le peuple" en lutte contre le régime de Mouammar Kadhafi mais n'avaient pas jusqu'à présent officiellement démissionné. Par ailleurs, l'ambassade de Libye auprès de l'ONU à Genève a décidé de ne plus soutenir le régime de Mouammar Kadhafi.

"Kadhafi doit partir", a estimé vendredi le président . Selon lui, estimant les violences perpétrées par la dictature libyenne contre son peuple sont "inacceptables et feront l'objet d'enquêtes et de sanctions".

L'étau se resserre autour de Kadhafi
L'étau se resserrait vendredi contre le pouvoir du dirigeant Mouammar Kadhafi au 11e jour de l'insurrection. Les partisans du "Guide" étaient concentrés à Tripoli, où la milice Khamis disposerait notamment de 9000 combattants, de chars et d'avions, selon des informations non confirmées d'habitants hostiles au dictateur.

Selon un témoin cité par Reuters, trois villes de l'ouest du pays (Yefren, Zenten et Jadu), fief de la minorité berbère, échappaient vendredi soir au contrôle du régime alors que l'insurrection contrôlait les grands centres urbains de l'est. Des combats meurtriers ont eu lieu à Zaouiyah, à 50 km de Tripoli.

La contestation s'étend désormais de l'ouest de Tripoli à Benghazi, à 1000 km à l'est de la capitale, dans des villes côtières ou proches des côtes de la Méditerranée, l'immense majorité du pays, à 93 % désertique, étant épargné par les combats. Par ailleurs, deux grands terminaux pétroliers, Ras Lanouf et Marsa el Brega, dans le golfe de Syrte, sont tombés aux mains des insurgés, selon des témoins cités par Reuters. "Nous ne démolirons jamais les sources du pétrole. Elles appartiennent au peuple", a affirmé l'un des fils de Mouammar Kadhafi, Saïf Al Islam, présenté parfois comme son successeur. L'objectif de la famille est "de vivre en Libye et y mourir", a rappelé ce dernier.

Des exécutions sommaires ?
A Tripoli, des membres des comités révolutionnaires du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ont procédé mardi et mercredi à des exécutions sommaires dans les hôpitaux de Tripoli, a déclaré le secrétaire général de la Ligue libyenne des droits de l'Homme, cité jeudi par l'agence des missionnaires italiens Misna. "Ils ont fait irruption dans les hôpitaux de Tripoli et ont tué des blessés qui avaient manifesté contre le régime. Ils ont emporté les cadavres pour les faire disparaître, peut-être les faire brûler, parce qu'ils savent que les journalistes étrangers se rapprochent", a témoigné Slimane Bouchuiguir, secrétaire de la branche libyenne de Fédération internationale des Droits de l'Homme (FIDH).

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>> Le Monde: "Libye: quel rôle jouent les tribus ?"

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