Les deux hommes arrêtés après le meurtre samedi du dirigeant d'extrême droite sud-africain ont été inculpés mardi
Ce défenseur de la suprématie blanche en Afrique du sud a été assassiné dans son lit vraisemblablement pour une affaire de salaires non payés.
Dès le meurtre connu, le président Jacob Zuma a appelé le pays "au calme" et mis en garde contre toute provocation qui attiserait "la haine raciale". Le mouvement de
Terre'Blanche a promis de le "venger".
A deux mois de la Coupe du monde de football 2010, l'Afrique du Sud "s'inquiète du potentiel explosif" de ce crime qui illustre la persistance des fractures raciales de l'apartheid, souligne Aubrey Matshiqi, du Centre sud-africain d'études politiques. Une crainte nourrie par les déclarations du parti de Terre'Blanche, le Mouvement de la résistance afrikaner (AWB) - connu pour ses faits d'armes passés - qui a promis de venger son leader.
Eugene Terre Blanche, 69 ans, a été trouvé mort dans son lit en fin d'après-midi, "avec des blessures au visage et à la tête", a indiqué une porte-parole de la police, Adele Myburgh, à l'agence de presse Sapa. Deux employés de la ferme de Terre'Blanche, âgés de 15 et 21 ans, ont été arrêtés et inculpés de meurtre, a-t-elle ajouté. Ils se seraient disputés avec leur patron pour un salaire non versé. Le meurtre a eu lieu dans l'exploitation agricole de Ventersdorp (nord-ouest) que l'ancien militant ne quittait plus que rarement.
Le fondateur d'un mouvement suprématiste blanc, dont l'emblème ressemblait à la croix gammée
Eugène Terreblanche, qui avait milité pour le maintien de l'apartheid, vivait dans un anonymat relatif depuis un certain temps. Ce fermier et ancien policier, né le 31 janvier 1944 dans le village de Ventersdorp (nord-ouest), avait créé en 1973 le Mouvement de Résistance afrikaner (AWB) avec six amis dans un garage près de Johannesburg, pour contrer "l'abandon" des intérêts blancs par le régime d'apartheid. L'AWB réclame le droit à l'autodétermination des Afrikaners, descendants des premiers colons néerlandais et huguenots. Le mouvement avait adopté un emblème très proche de la croix gammée d'Adolf Hitler, composée de trois sept renversés "symboles de la victoire finale du Christ" et surmontée d'un aigle nazi.
C'est depuis sa ferme à Ventersdorp, à quelque 150 km à l'ouest de la capitale économique sud-africaine, que Terre'Blanche a étendu son territoire, se rendant surtout dans les exploitations agricoles du nord du pays.
Lors de ses apparitions publiques, il arrivait à cheval, flanqué de sa garde. Malgré de superbes talents d'orateur, il perdait souvent ses auditeurs dans les méandres de discours sans suite. Les autorités le prenaient très au sérieux, lui et son mouvement semi-secret, qui est allé jusqu'à rallier plusieurs milliers de personnes pendant la transition pacifique vers la démocratie multiraciale, au début des années 1990.
En 1993, un véhicule de l'AWB s'écrasait dans le World Trade Center de Johannesburg, où se tenaient des négociations pour la transition. Le mouvement organisait également une série d'attentats meurtriers avant les premières élections multiraciales de 1994.
Auteur de diatribes enflammées contre le "pouvoir communiste noir", Terre'Blanche menaçait, cette année-là: "Si Mandela ne nous donne pas notre Volkstaat (territoire blanc), nous combattrons jusqu'à conquérir l'ensemble de l'Afrique du Sud" . Mais le
mouvement n'a pas véritablement réussi à percer sur la scène politique. L'extrême droite pro-apartheid blanche, très éparpillée, n'est jamais parvenue à s'unifier durablement.
Condamné à cinq ans de prison pour tentative de meurtre - pour avoir battu à coups de barre de fer un vigile noir à qui il a causé des lésions cérébrales irréversibles, il avait obtenu en 2005 une remise en liberté conditionnelle pour bonne conduite. A sa libération, vingt fidèles l'attendaient. Terre Blanche rejoignait Ventersdorp, pour ne plus faire parler de lui.
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