Les côtes de Louisiane sont polluées par du brut lourd, BP reconnaît une fuite plus importante qu'annoncée
"Il n'y a plus de vie dans ces marais. On ne pourra pas nettoyer", a déclaré Billy Nungesser, le président du comté de Plaquemines, dont le littoral a reçu la majorité du pétrole échoué.
La pollution devrait encore s'accroître. De l'hydrocarbure se déverse toujours dans les abysses, un mois après l'explosion de la plateforme exploitée par BP.
Alors que le géant britannique évaluait jusqu'à présent à 5.000 barils de brut (800.000 litres) le volume de pétrole s'échappant chaque jour du puits situé à 1.500 m de profondeur, le groupe a admis avoir sous-estimé la fuite.
"Nous récupérons 5.000 barils par jour, donc il se pourrait que ce soit un peu plus que cela", a dit jeudi un porte-parole de BP, Mark Proegler.
Des experts, dont la thèse semble être accréditée par la découverte par des scientifiques américains d'énormes nappes de brut à grande profondeur, avaient récemment estimé que le volume de brut s'échappant du puits pourrait être 5 à 20 fois supérieur aux 5.000 barils annoncés.
Le géant pétrolier récupère le pétrole grâce à un conduit sous-marin. Il a affirmé avoir récupéré jusqu'ici en surface quelque 187.000 barils.
Mais malgré ces progrès, du pétrole lourd a commencé mercredi, pour la première fois, à souiller les côtes de Louisiane. Jusqu'à présent, seules des galettes de pétrole avaient été repérées sur les côtes de cet Etat et de ceux du Mississippi et de l'Alabama.
La Floride pourrait être atteinte dans les prochains jours
D'autres nappes de brut étaient par ailleurs aspirées par un courant marin en direction de la Floride, qu'elles pourraient atteindre dans les prochains jours. Ce puissant courant menace la troisième barrière de corail du monde. Les côtes de Cuba, berceau d'un écosystème fragile, se trouvent aussi sur sa trajectoire.
Le gouverneur de Floride, Charlie Crist, a étendu jeudi l'état d'urgence en vigueur dans une partie de l'Etat à des zones comprenant l'archipel des Keys et la ville de Miami.
Alors que le travail de décontamination des zones souillées s'annonce titanesque, il n'est pas exclu de brûler les marais de Louisiane pollués, a déclaré à l'AFP le capitaine des garde-côtes Edwin Stanton, qui coordonne les secours dans cet Etat. Cette option sera décidée en dernier recours, a-t-il insisté.
Injection de "boue et de cochonneries"
Pour colmater définitivement la fuite, BP devrait procéder dans les prochains jours à l'injection de boue dans le conduit qui fuit. "Notre espoir est que ce qu'ils appellent le colmatage du puits ait lieu dimanche", a dit jeudi le ministre américain des Affaires intérieures, Ken Salazar.
Il s'agit d'injecter de la boue dans le puits afin d'enrayer la fuite puis à le recouvrir d'une chape de ciment. Cette technique pourrait être combinée à une autre opération, surnommée "injection de cochonneries", qui consiste à projeter sur la fuite des débris comme des morceaux de pneus ou des balles de golf.
Par ailleurs, le autorités américaines ont donné jeudi 24 heures à BP pour choisir des produits dispersants moins toxiques que ceux utilisés actuellement.
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