"Les Centrafricains sont des morts en sursis"
Pour accepter de parler, Mahmoud a voulu témoigner
anonymement et loin de son quartier où il y a une semaine, des anti-balakas
sont venus agresser son voisin à coups de machette : "Il s'est sauvé mais
il a laissé sa femme parce qu'il pensait qu'ils étaient là juste pour lui. Ils
ont coupé la main de sa femme. Ils ont aussi essayé avec son enfant mais ses
bras ne sont pas tombés ".
Les "brigands font du mal au peuple centrafricain "
Pour Mahmoud, son voisin a certes été victime de chrétiens
mais surtout de clients qui avaient un contentieux d'affaire avec lui. "C'est
une vengeance. Depuis l'arrivée de la Séléka, il n'y a plus de justice alors
les gens en profite pour régler les comptes. Personne n'ira en prison. " La
prison de Bangui a été vidée de ses occupants il y a trois semaines par les
anti-balakas lors de leur offensive sur la capitale.
"Moi j'ai peur de retourner chez moi. Il y a des brigands,
des voleurs qui ont rejoint les anti-balakas. Ce sont eux qui font du mal au
peuple centrafricain aujourd'hui. "
Vers un tribunal pénal international ?
"On enlève les gens, on les tue, on les égorge pour
certains, on les ligote avant de les assassiner ", égrène l'ancien
président de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture. "Toute
les Centrafricains sont aujourd'hui des morts en sursis ", poursuit Bruno
Hyacinthe Gbiegba.
La faute, selon lui, à la déliquescence des institutions.
"Il n'y a pas de volonté politique pour permettre à la police et la
gendarmerie de faire correctement son travail. La machine judiciaire est
presque bloquée. Il n'y a pas eu d'audience pénale sérieuse depuis le début de
l'année ", explique l'avocat.
Ce dernier réclame donc la mise en place d'un tribunal
international spécial pour juger les crimes centrafricains comme au Rwanda ou
en Sierra Leone.
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