Législatives israéliennes : percée du centre Yesh Atid, petite victoire de Netanyahu
Les élections législatives israéliennes de mardi ne se sont pas passées comme les sondages l'annonçaient. Le résultat se solde par une égalité. Le bloc de droite, mené par Likoud-Israël Beiteinou, et le bloc de centre-gauche obtiennent chacun 60 sièges. Il n'y a pas eu de réelle percée de la droite nationaliste de Naftali Bennett mais celle surprise du parti de centre Yesh Atid.
Une victoire étriquée pour Benjamin Netanyahu
Ces élections sont surtout une déception pour le Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu, qui avait convoqué les élections. La liste commune formée par son parti le Likoud associé au parti Israël Beiteinou de son ex-ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman obtient 31 sièges, contre 42 dans le Parlement sortant, selon les chiffres publiés mercredi par la commission centrale électorale.
Sur son compte Facebook, Benjamin Netanyahu, qui a convoqué ces élections, a tout de même remercié les Israéliens de l'avoir réélu.
La surprise est venue du centre
Le parti Yesh Atid, dirigé par l'ex-présentateur vedette Yaïr Lapid, est arrivé deuxième. Yaïr Lapid, laïc convaincu, s'est lancé en politique il y a un an dans la foulée du mouvement social de l'été 2011. Le parti centriste Yesh Atid devient donc lui la deuxième formation du pays avec 19 députés sur 120.
La troisième force politique
du pays serait le parti travailliste, avec 15 sièges. Et puis enfin, le Foyer
juif, la droite nationaliste arrive en 4ème position avec 11 sièges. Le
score du parti de Naftali Bennett est moins important que ce que les sondages annonçaient. Le charismatique milliardaire âgé de 40 ans avait largement animé la campagne en promettant d'annexer 60% de la Cisjordanie.
Les partis ultra-orthodoxes sépharade Shass obtiennent eux 11 sièges, et ashkénaze Judaïsme unifié de la Torah 7. Le nouveau mouvement centriste de l'ex-ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, HaTnouha, qui a fait campagne pour la relance du processus de
paix avec les Palestiniens, obtient 6 sièges, le Meretz (gauche) 6, les partis arabes 12 et Kadima 2.
La politique intérieure au coeur de la campagne et des résultats
Le succès spectaculaire de Yesh Atid ("Il y a un avenir") représente une victoire des classes moyennes intéressées d'abord par les questions sociales
et sociétales. Au premier rang des préoccupations de ce parti qui a fait de la laïcité un de ses chevaux de bataille, figure l'égalité face au service militaire, dont sont dispensés les religieux ultra-orthodoxes.
Selon Emmanuel Halperrin, journaliste à la télévision israélienne et interrogé par France Info mardi soir, estime que les résultats illustrent effectivement les thèmes de la campagne : la politique intérieure, la fracture sociale, la crise du logement, les impôts. Il juge aussi que la percée de Yesh Atid est "une très grosse surprise " et que "c'est plus qu'un échec, c'est un véritable camouflet qui est infligé à Netanyahu ".
Vers une coalition large ?
C'est donc un coup dur pour Benjamin Netanyahu qui reste à la tête du premier parti du pays mais qui voit une montée du centre et de l'extrême droite. Il va devoir choisir un camp pour monter une coalition. "Il n'y aura aucun gouvernement raisonnable --c'est-à-dire aucun gouvernement que Netanyahu pourra diriger sans devenir un paria
international-- sans Lapid. Il est donc devenu le joueur le plus important dans le système politique ", prédit l'analyste Yossi Verter dans le quotidien Haaretz.
En tout cas, quelques heures après l'annonce des premiers résultats, le Premier ministre sortant a déclaré vouloir constituer "le gouvernement le plus large possible ", ajoutant devant ses partisans à Tel Aviv, "les résultat des élections offrent une occasion de procéder à des changements auxquels aspirent les Israéliens. J'ai l'intention de mener ce changement et dans ce but j'ai l'intention de former le gouvernement le plus large possible ".
Yaïr Lapid a de son côté également parlé de gouvernement "le plus large possible ", expliquant, "j'appelle tous les dirigeants politiques à agir avec moi pour former ensemble le gouvernement le plus large possible qui unira les éléments modérés de gauche et de droite pour un réel changement ". "Nous ne siègerons pas dans un gouvernement qui ne négociera pas avec les Palestiniens ", a également précisé Meïr Cohen, numéro 4 sur la liste de Yesh Atid.
"Les chances de paix ne vont pas soudain augmenter "
Du côté des Palestiniens, une dirigeante de l'OLP, Hanane Achraoui, a déclaré mercredi qu'elle ne s'attend "pas à l'émergence ou à la résurgence d'une coalition de paix ou d'un camp de la paix " en Israël, estimant que "les chances de paix ne vont pas soudain augmenter spectaculairement ".
Hind Khoury, ex-déléguée générale de la Palestine en France, analyse aussi ces résultats. Elle attend surtout de savoir si la coalition va pencher vers la droite ou le centre, ce qui déterminera l'attitude envers les Palestiniens.
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