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Législatives au Mexique : rencontre avec des candidats improbables

Ce dimanche le Mexique vivra des élections législatives et locales : 500 députés et plus de 1000 maires seront élus. Ce scrutin est marqué par les soupçons de corruption envers la classe politique traditionnelle. La méfiance vis-à-vis des grands partis et des professionnels de la politique a favorisé l’émergence de candidats alternatifs.
Article rédigé par Emmanuelle Steels
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Des célébrités locales, footballeurs, actrices, et même des clowns, comme ci-contre Lagrimita, se présentent aux élections législatives mexicaines avec un discours anti-corruption et anti-politique © REUTERS/Alejandro Acosta)

Un clown en politique… Pourquoi pas ? Lagrimita, comique de profession, est aussi candidat aux élections. Il veut devenir maire de Guadalajara, la deuxième ville du Mexique. Et dans ses interviews télévisées, Guillermo Cienfuegos, de son vrai nom, tourne en dérision les professionnels de la politique. "Ils ne font que des clowneries. Alors il est temps qu’un vrai clown gouverne enfin! ”, explique-t-il.

L’homme au nez rouge est accusé par ses détracteurs de faire de la politique un cirque. Tout comme les chanteurs, actrices et présentateurs télé qui aspirent à un mandat. Leur manque d’expérience, ils l’exhibent comme un gage d’honnêteté.

REPORTAGE | Emmanuelle Steels nous présente ces candidats pas comme les autres et interroge des électeurs mexicains sur leur rejet de la politique.

Des terrains de football à la politique

Cuauhtémoc Blanco veut être le maire de Cuernavaca , une ville au sud de Mexico. Encore une candidature qui sort de l’ordinaire, et ce n’est pas une blague, annonce le présentateur de cette chaîne sportive. Cuauhtémoc Blanco est l’une des stars du foot mexicain, plus connu pour ses buts que pour ses idées politiques. “Je suis un simple citoyen. Et je veux aider les gens  ”, se défend-il.

Pour Rosenthal Salazar, un entrepreneur, les politiciens sont corrompus par définition, et il faut chercher d’autres types de gouvernants. "Je crois que les candidatures qui viennent du peuple sont une très bonne option. Ces personnes ne connaissent rien à la politique, mais elles aiment leur pays ", dit-il.

"Le sujet de la corruption est devenu un sujet central" (politologue)

Pour la toute première fois au Mexique, les candidatures citoyennes sont autorisées. Qu’ils soient célèbres ou pas, ces novices recueilleront les votes de la désillusion, après les nombreux scandales de corruption qui ont entaché la classe politique traditionnelle. "C’est la première fois que je vais voter sans avoir confiance en aucun parti ", raconte Marta Márquez, une avocate qui ira voter les pieds lourds.

D’après la politologue Soledad Loaeza, les Mexicains ont été frappés de découvrir l’ampleur de la corruption."L’électorat est assez scandalisé surtout qu’il y a une accumulation de crises et d’histoires de corruption, et d’irresponsabilité je dirais. On a l’impression qu’ils sont prêts à ignorer la réaction de l’opinion publique. Le sujet de la corruption est devenu un sujet central. Surtout  parce que maintenant les médias montrent les dimensions de la corruption ”, analyse-t-il.

Cette corruption est désormais si répandue qu’à la veille de ces élections, elle fait même l’objet de quelques chansons.

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