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Le président des Etats-Unis, Barack Obama, a proposé mardi un gel partiel des dépenses sur cinq ans

Il a aussi demandé au Congrès de faire preuve d'imagination en réduisant l'impôt sur les sociétés et en dégageant des marges pour financer l'innovation tout en poursuivant la réduction du déficit.Pour les observateurs, il poursuit son virage au centre en reprenant certaines mesures soutenues par les républicains qui dominent désormais le Congrès.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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B. Obama pendant le discours: à gauche, le vice-président J. Biden; à sa droite, le speaker de la Chambre, J. Boehner (Alex Wong - Getty Images - AFP)

Il a aussi demandé au Congrès de faire preuve d'imagination en réduisant l'impôt sur les sociétés et en dégageant des marges pour financer l'innovation tout en poursuivant la réduction du déficit.

Pour les observateurs, il poursuit son virage au centre en reprenant certaines mesures soutenues par les républicains qui dominent désormais le Congrès.

Le discours sur l'état de l'Union, prononcé devant le Congrès, est le point d'orgue de l'année politique américaine.

Baisse de l'impôt sur les sociétés
"Ce soir, je demande aux démocrates et aux républicains de simplifier le système. Supprimez les niches fiscales. Uniformisez les règles et utilisez les économies pour abaisser le taux de l'impôt sur les sociétés pour la première fois en 25 ans, sans augmenter notre déficit", a déclaré le président dans son allocution de politique générale dite discours sur l'état de l'Union.

Le taux maximal de l'impôt sur les entreprises est actuellement de 35 % aux Etats-Unis, mais de nombreuses niches permettent aux entreprises, surtout les plus grandes, de réduire leur imposition.

Pas de cadeaux fiscaux aux pétroliers
Barack Obama s'en est pris en particulier aux "milliards de dollars de cadeaux" fiscaux accordés aux groupes pétroliers, qu'il a demandé aux élus d'abroger purement et simplement. "Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais elles se débrouillent très bien toutes seules. Au lieu de subventionner l'énergie du passé, investissons dans celle de demain", a dit le locataire de la Maison blanche.

Les économies ainsi réalisées devraient permettre, selon lui, de financer l'innovation technique, en particulier dans le domaine de ce qu'il appelle les "sources d'énergie propres": énergie éolienne, solaire, nucléaire, combustion propre du charbon, et gaz naturel. L'investissement dans les techniques de pointe, notamment énergétiques, "renforcera notre sécurité, protégera notre planète et créera des emplois innombrables" aux Etats-Unis, a-t-il ajouté, répétant l'un de ses crédos.

"Le monde a changé"
Se livrant à une analyse sans concession des réalités économiques, Barack Obama a souligné que de nombreux Américains se souvenaient de l'époque, avant la mondialisation, où il suffisait de travailler dur pour obtenir un salaire et des avantages sociaux décents. Mais "le monde a changé et, pour beaucoup, le changement a été douloureux", a-t-il indiqué. "Les règles ont changé. En une génération, des révolutions technologiques ont transformé la façon dont nous vivons, travaillons et commerçons", a-t-il encore remarqué.

Face à la montée de nouvelles puissances industrielles comme l'Inde et la Chine, le président des Etats-Unis a appelé ses compatriotes à ne pas se décourager, soulignant que l'économie de leur pays était encore la plus prospère du monde. "Oui, le monde a
changé. La lutte pour les emplois est réelle. Mais cela ne doit pas nous décourager. Cela doit nous galvaniser", a déclaré le président, en appelant ses adversaires républicains à soutenir les investissements pour "innover, éduquer et construire mieux que le reste du monde".

Le retrait des troupes d'Afghanistan, la Tunisie...
Barack Obama a réaffirmé mardi son projet de commencer à retirer les troupes américaines d'Afghanistan en juillet. "De rudes combats sont à venir et le gouvernement afghan va devoir mettre en oeuvre une meilleure gouvernance", a-t-il cependant déclaré.

"Nous avons vu le désir de liberté en Tunisie, où la volonté du peuple s'est montrée plus puissante que les ordres d'un dictateur", a-t-il dit par ailleurs. "Je veux que cela soit clair: les Etats-Unis se tiennent aux côtés du peuple tunisien et soutiennent les aspirations démocratiques de tous les peuples", a-t-il ajouté.

Il a annoncé qu'il se rendrait pour la première fois de son mandat en Amérique latine. "En mars, je me rendrai au Brésil, au Chili et au Salvador afin de nouer de nouvelles alliances pour le progrès sur le continent américain", a-t-il dit. Au Brésil, le constructeur aéronautique américain Boeing est en compétition avec le français Dassault et le suédois Saab pour la fourniture d'avions de chasse.

Barack Obama a répertorié les succès de sa diplomatie, notamment la "reprogrammation" des relations avec la Russie, le partenariat renforcé avec l'Inde et la relance des efforts pour contrôler la prolifération nucléaire à travers le monde.

Il a aussi évoqué Al Qaïda. A ses yeux, les "dirigeants" et "militants" de la nébuleuse terroriste "sortent du champ de bataille, leurs sanctuaires se réduisent".

Démonstration d'unité
Le temps du traditionnel discours sur l'état de l'Union, les politiques de tous bords du Congrès ont fait taire leurs divisions. Membres du gouvernement fédéral, sénateurs et représentants arboraient ainsi un ruban noir et blanc au revers de leur veste: une bande noire en symbole de deuil, entourée de deux bandes blanches représentant l'espoir. Une volonté d'union après l'agression contre la représentante démocrate Gabby Giffords lors d'une fusillade à Tucson (Arizona), qui a fait 6 morts et 14 blessés.

Barack Obama a également salué le nouveau président de la Chambre, le républicain John Boehner, visiblement ému d'occuper pour la première fois le perchoir.

Réactions
Pour l'opposition, le président des Etats-Unis a "présenté un plan de préservation des déficits", a déclaré le chef du parti républicain à la Commission financière du Sénat, Jeff Sessions. Pour le leader des républicains au Sénat, le gel des dépenses gouvernementales sur cinq ans (...) n'est pas suffisant".

De son côté, le patronat s'est dit "encouragé par l'accent mis par le président Obama sur la compétitivité américaine".

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