Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, approuve la décision du président Dmitri Medvedev
Iouri Loujkov, qui avait critiqué le Kremlin et refusé de démissionner, a été limogé mardi par le président russe.
Il était engagé dans un bras de fer avec la présidence depuis qu'il avait critiqué le chef de l'Etat dans un article où il laissait entendre que le pays aurait besoin d'un dirigeant plus fort, allusion au 1er ministre Vladimir Poutine.
Le président russe, Dmitri Medvedev, en visite d'Etat en Chine, a publié un décret présidentiel démettant Loujkov de ses fonctions "car il a perdu la confiance du président de la Fédération russe", a déclaré Natalia Timakova, porte-parole du Kremlin.
Medvedev a expliqué que c'était la première fois qu'il s'était séparé d'un dirigeant régional pour perte de confiance. "C'est la première fois que cela arrive", a insisté M. Medvedev. "Je n'exclus pas que de tels cas se reproduisent à nouveau", a ajouté M. Medvedev, qui s'exprimait en marge d'une visite à Shanghai.
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a approuvé la décision du président Dmitri Medvedev de limoger le maire de
Moscou qui, selon lui, aurait "dû normaliser" la situation avec le chef de l'Etat. Poutine a salué mardi le rôle de Iouri Loujkov dans le développement économique de la capitale russe, mais a souligné que le maire de Moscou était un "subordonné" du président Medvedev.
La constitution russe permet au président de limoger le maire de Moscou ou des gouverneurs de région pour un tel motif. Le décret présidentiel a toutefois nommé comme maire par interim Vladimir Resine, allié de longue date de Loujkov, premier adjoint au maire depuis 2001, chargé du secteur de la construction.
Connu pour ses manières brusques, Loujkov était le dirigeant régional le plus puissant de Russie. Nommé par Boris Eltsine quelques mois avant l'effondrement de l'Union soviétique, Loujkov est resté à la tête de Moscou sous la présidence de Vladimir Poutine puis de Medvedev.
Loujkov a été très actif dans la répression des opposants au Kremlin, refusant souvent aux militants l'autorisation de manifester et les faisant disperser par sa police s'ils s'y risquaient.
Nationaliste haut en couleurs
Porté par la vague des pétrodollars il a supervisé un boom de la construction qui a métamorphosé le centre de Moscou. Et transformé la capitale soviétique en une vitrine du capitalisme à la russe, dynamique et luxueuse, où il a mis en place un système opaque mariant argent et pouvoir.
Nationaliste réclamant la restitution à la Russie de la ville ukrainienne de Sébastopol, orthodoxe affichant sa dévotion et qualifiant les gay parades d'"oeuvre de Satan", passionné d'apiculture, M.Loujkov semblait jusqu'alors insubmersible.
A la fin des années 90, Loujkov a même fait figure de prétendant sérieux à la succession de Boris Eltsine, jusqu'à ce que ce dernier choisisse Vladimir Poutine, alors inconnu du grand public.
Ce personnage haut en couleur de 74 ans est marié à Elena Batourina, de 27 ans sa cadette, devenue la femme la plus riche de la Russie. A l'origine modeste employée de la mairie, Mme Batourina est aujourd'hui présidente de la compagnie Inteko, à la tête d'un empire dans l'immobilier et le BTP à Moscou. Cet enrichissement a suscité des accusations de népotisme mais la voix des détracteurs du maire est à peine audible à Moscou où M.Loujkov a gagné des dizaines de procès devant les tribunaux qui, il est vrai, dépendent de la mairie.
Plus de la moitié des Moscovites (52%) souhaitaient le voir reconduit dans ses fonctions, même si 56% des personnes interrogées le jugeaient "corrompu". Le mandat actuel du maire venait à échéance en juin.
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