Le nombre d'homicides en relation avec le crime organisé au Mexique a atteint 15.273 en 2010

C'est le chiffre le plus élevé depuis l'offensive lancée par le président Felipe Calderon fin 2006 contre les narcotrafiquants, a annoncé mercredi le gouvernement.

"Il faut souligner que la tendance s'est stabilisée au troisième trimestre", a dit le porte-parole officiel du gouvernement sur les questions de sécurité, Alejandro Poiré.

Il a souligné que ces homicides se concentraient à 50% dans trois Etats du Mexique : Chihuahua (nord) et Tamaulipas (nord-est), frontaliers des Etats-Unis, ainsi que Sinaloa (ouest).

Le nombre de morts recensés en 2010 représente environ la moitié des homicides intervenus au Mexique depuis l'offensive lancée fin 2006 contre les cartels avec la participation de quelque 50.000 militaires.

Des méthodes de plus en plus barbares
Les propos rassurants du gouvernement sur la tendance à la baisse fin 2010 sont contrebalancés par un début d'année 2011 sanglant, avec plus de cent assassinats en relation avec les narcotrafiquants, et des méthodes de plus en plus barbares.

Lors du "samedi sanglant" d'Acapulco, le 8 janvier, 27 personnes ont été exécutées en une seule journée, dont 15 hommes décapités. Leurs corps ont été abandonnés près d'un supermarché, en pleine ville.

M. Poiré avait affirmé lundi qu'il s'agissait d'autant d'actes désespérés face aux coups récemment portés aux milieux de la drogue par les forces de sécurité.

Selon le gouvernement, 19 des 37 principaux dirigeants des groupes criminels ont été soit capturés soit tués ces dernières années et les cartels ont des difficultés à les remplacer.

Plus de 1.000 morts par mois
Mais pour de nombreux analystes, l'actuel taux de plus de 1.000 morts par mois va se maintenir à court terme. D'autant plus que le crime organisé cherche à influencer les résultats de plusieurs élections au niveau des Etats mexicains cette année et de l'élection présidentielle de juin 2012.

"Auparavant, les cartels tuaient un policier local pour envoyer un signal au chef de la police, mais maintenant ils ciblent directement le chef de la police ou le maire", a déclaré à l'AFP Alejandro Schtulmann, du consultant de risque politique EMPRA.

Deux maires de petites villes ont déjà été assassinés depuis le 1er janvier.

Le rôle des Etats-Unis
Nombre d'observateurs soulignent aussi le rôle du voisin américain, premier consommateur mondial de cocaïne et principal lieu d'approvisionnement en armes des narcotrafiquants, dans l'augmentation de la criminalité au Mexique.

Le sénateur américain John Kerry a indiqué mardi que les Etats-Unis envisageaient d'accroître leur aide dans la lutte contre le trafic de drogue, qui s'élève actuellement à 1,3 milliard de dollars (1 milliard d'euros) sur trois ans.

"Nous allons examiner tout cela de très près, voir si nous pouvons faire plus, parce qu'il s'agit d'une menace pour la sécurité des Etats-Unis", a souligné le sénateur démocrate à Washington.

En attendant, avec leurs faibles moyens, des caricaturistes de presse ont lancé cette semaine une campagne d'affichage dans tout le Mexique d'autocollants et d'affichettes disant "Jamais plus de sang" sur les vitres des maisons, des commerces et des automobiles.